Gués profonds, route aux cent desvios (déviations pour travaux), cols et vallées, jusqu'à Sucre, la magnifique cité blanche entre les collines, cœur de la Bolivie, perle coloniale, berceau de soleil et de merveilleuse douceur, que l'on croquerait éternellement...
Elévation, plateaux, fermes ceintes, cieux enflammés, thermes de Chaqui, bivouac sur une piste en lacets près de Cala Cala, simple hameau.
La nuit une voiture s'arrête, un homme frappe à notre attelage, vocifère : nous devons le payer ou partir. Par une fenêtre, vaine tentative de le calmer. Facies de brute, ombre d'autres occupants, apparemment non armés. « baja ! (descendez !) ». Dans un pays où l'on déplore des violences contre les touristes, il ne saurait en être question. Fuite précipitée de notre maison vers le camion par l'étroit passage de communication, les coups redoublent, démarrage affolé, la voie heureusement est libre. Plus loin, Bruno ouvre sa portière et relève la plaque d'immatriculation, avant qu'ils nous rejoignent. Descente cahotique en trombe, les phares poursuivants disparaissent. Avant la route, un barrage de pierres, Bruno l'entrouve, les forces décuplées par la peur. Pluie fine, silence, route sombre, police au péage à une quinzaine de kilomètres.
Déclaration, tremblements, sanglots. Comment recouvrer le goût du sommeil ? L'homme est finalement interpelé, confrontation, bredouillages de sa part, sermon de l'autorité, glaciale poignée de mains. Que rêvait de nous extorquer ce paysan à la bêtise sans fond ? L'équivalent de cinq almuerzos (repas complets au restaurant) ou cinq baguettes en France. Misère...
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