mercredi 1 décembre 2010

L'âne rouge

Dans ce casse-tête proposé à l'école primaire de Romain, il convient d'extraire le carré rouge en faisant glisser les autres pièces. Trop difficile pour Bruno, qui préfère élaborer un programme afin de trouver une solution (minimale)...

Voir la solution (cliquer pour commencer la résolution ou accélérer).

L'âne rouge...

dimanche 28 novembre 2010

Le monde


Le monde est immense. Combien de vies pour l'entrevoir ? Sur la carte ci-dessus, en jaune et mauve nos découvertes individuelles puis collectives.

mercredi 29 septembre 2010

Nos sonates absurdes

Essai de Bruno, faisant suite à une « mission humanitaire et scientifique » au Cameroun, de Sophie et Bruno, en avril 2002. Il serait délicieux que les personnages de ce récit relèvent de la plus pure fiction.

Lire le manuscrit.

jeudi 9 septembre 2010

Le diaporama

Quelques uns de nos souvenirs de notre voyage en Amérique du Sud rassemblés en images.

La version courte (10 minutes) :

La version longue (35 minutes) :

lundi 14 juin 2010

Hasta luego

Une Amérique Latine, avec sa faune et son relief, en génoise, chocolat et pâte d'amandes, partagée en famille à notre retour, afin d'en garder le goût en bouche. Belle aventure.

L'itinéraire réalisé

Voici la boucle parcourue, de 27 000 km, depuis Cordoba en Argentine, avec un aller/retour de France à Buenos Aires. Par magie, compte tenu des aléas du voyage, figurent nombre de ressemblances avec l'itinéraire envisagé.

mercredi 9 juin 2010

Adieu, notre maison


Rosario, le rio Paraná, la mégapole de Buenos Aires, des indications pour notre dernière étape : « a gauche c'est la rue Ugarte, tournee et continue jusqu'a ou c'est fini dans la riviere est le camping ».
Enorme pincement au cœur. Trois jours de nettoyage et de rangement, avec les emilie jeremie. La navette fluviale pour la ville et deux nuitées à la belle Otra Orilla. C'est fini.  

Pour la première fois, nous ne voyagions pas avec nos sacs sur le dos. Etait-il avisé d'acheter un camping-car ? Assurément oui, parce que les distances sud-américaines sont particulièrement immenses rapportées à la patience d'un bébé, que les beautés et charmes que nous avons rencontrés, à de rares exceptions près, se situent loin des centres offrant des hébergements et que les opportunités de nous glisser dans l'intimité des habitants auraient sinon été moindres. Clairement, nous avons adoré déplacer notre maison au fil de nos envies.

Quels défauts avons-nous ressentis de ce mode de transport ? Un écart par rapport au mode de vie ordinaire, nous épargnant par exemple de nous entasser des heures dans des mini-bus suffocants. L'absence du choix spontané de bondir sur un bateau, dans un train ou à dos de mulet pour infléchir notre itinéraire. La difficulté de circuler et stationner dans les villes. Les inévitables traccas mécaniques.
Sur ce dernier point, la lecture des blogs de nos camarades nous a emplis de frissons lorsque nous les savions bloqués jusqu'à plusieurs semaines dans l'attente d'une difficile réparation. Pour notre part, nos soucis furent mineurs, mais intense source d'inquiétude.

Et si c'était à refaire ? Sans l'once d'une hésitation, nous nous élancerions de nouveau ! Souvent nous avons rêvé que ce voyage se prolongerait, vers l'Equateur, la Colombie, l'Amérique Centrale, les grands parcs des Etats-Unis, le Canada, l'Alaska...
Lors d'une autre vie peut-être.

Bilan de notre neuvième et dernier mois de voyage, de 3 000 km :
  • Les points faibles : les aléas mécaniques de dernière minute, l'étouffement d'une grande ville.
  • A améliorer : repartir.
  • Les points forts : une bonne organisation du retour, notre rencontre à Ledesma, la route de Tupiza, la vallée de Purmamarca, les yungas de Calilegua, Rio Hondo, le musée du Che à Alta Gracia, les embruns du Paraná, neuf mois de pleine vie de famille, la réussite scolaire de (Sophie et) Romain, l'autonomie de Marine, notre chance pour la santé et le déroulement de notre périple, nos découvertes, l'apprentissage du castellano.

jeudi 3 juin 2010

Pêle-mêle


Tandis que les plaines défilent à la fenêtre, nos souvenirs dansent.

Une pancarte au sud du port déserté de Puerto Coig en Patagonie : «  ruta clausurada, no pasar (route barrée) ». Une heure de piste plus loin, confirmation : un pont est écroulé. Confection, avec de vieilles traverses, des pierres et du bois vermoulu, d'un gué en contrebas sur le ruisseau. Sueurs glacées en l'endendant gémir et ployer sous les tonnes de notre attelage.

Adorable plage de El Yeco sur le Pacifique. Une jeune fille, un large pot de peinture à la main, sous le regard émerveillé de sa famille, badigeonne son prénom sur les rochers. Offusqué, Bruno invective ses voisins. « Ne peut-on pas l'en empêcher ? » Profonde indifférence. « Il n'y a peut-être pas de loi qui l'interdit. En revanche, au Pérou, les grafitis sur les bâtiments publics sont passibles de prison. » Beurk.

Rabâchage. En surcroît des « Francia » dessinés sur notre attelage, notre phrase la plus énoncée : « nous ne sommes pas des gringos (nord-Américains), nous sommes français ! ». Meilleur accueil.

Omniprésents au bord des routes, les réparateurs de pneus. Le nom des « boss caoutchouc » varie au fil des contrées : borracharia, neumaticos, vulcan, gommas, llanteria. Parcourir le monde et les consigner.

« Qui se ressemble s'assemble » Indéniable absence de mélange entre backpackers, automobilistes dormant sous tente et « camping-caristes », novices pour la plupart. Le mode de transport sépare davantage que le langage.

Lac Titicaca. Sophie s'évertue auprès de paysans à découvrir notre itinéraire. « Puno ? La route vers Puno ? » La fermière s'exclame enfin en désignant son troupeau. « Si ! Son vacas ! (oui, ce sont des vaches !);»

Quel fut notre pays préféré ? Impossible réponse. Voici des lieux magiques : parc Esteros del Iberá, mission de San Ignacio Mini, chutes d'Iguazú, ferme de Teresiña et Joaquim à Estrada Velha, parc Santa Teresa, Colonia del Sacramento, péninsule de Valdés et baleines, musée de Trelew, parc Bosques Petrificados, route de Cabo dos Bahias, parc Monte Leon, estancia Rolito, parc Tierra del Fuego, lago Yehuin, Punta Arenas et cimetière, parc Torres del Paine, lago Argentino, glacier Perito Moreno, parc Fitz Roy, cueva de las Manos, paso Roballos, glacier Ventisquero Colgante, parc Temual, routes des sept lacs, parc Lanin, thermes de Panqui, lago Villarica, route 40, Valle Hermoso, fête du paso Pehuenche, estancia de Don Jose Manuel à San Clemente, musée de Santa Cruz, Valparaiso, parc Ischigualasto, route au sud-ouest de Chilecito, route de Cafayate à Salta, restaurant derrière l'église à Angastaco, Los Molinos, geysers de Tatio, village fantôme d'Humberstone, Arequipa et couvent de Santa Catalina, canyon de Colca, presqu'île de Capachica, îles Uros, La Paz vue du ciel, Villa Tunari, Totora, Sucre, mines de Potosi, salar d'Uyuni, route de Atocha à Tupiza, vallée de Purmamarca, Alta Gracia.

Clichés. Au Brésil, le mot « pain » est imprononçable, à quoi bon apprendre le reste ?. En Uruguay, le port sous le bras du Thermos d'eau bouillante pour le mate est, de toute évidence, obligatoire. En Argentine, un chien écrasé gît tous les 10 km, dans les zones civilisées. Au Chili, les automobilistes respectent les piétons, merci. Au Pérou, les mamies s'accoutrent en soquettes, jupette, tablier et nattes à pompons, pittoresque mais ridicule. En Bolivie, mèches et bâtons de dynamite se vendent librement (à 10 bolivianos la paire), pourquoi nous priver ? En France, « dans le cochon tout est bon », à la bonne heure...

mercredi 2 juin 2010

Point de départ

Thermes de Rio Hondo, Córdoba, richesses d'Alta Gracia, silences de la sierra. Notre boucle s'achève. Neuf mois, 27 500 km, 5 700 litres de diesel, 400 litres de lait, 15 litres de vin. Rencontres, images inouïes, horizon plus large.
Prévision d'une ultime infinie ligne droite jusqu'à Buenos Aires, puis les cieux vers Paris, puis notre maison de Collonges-au-Mont d'Or au solstice de l'été. Famille et amis.
Comme point de départ, l'envie et l'opportunité de voyager, le besoin également d'oublier les noirs nuages qui oppressaient notre vie, dont nous affronterons de nouveau les ombres à notre retour. Avec davantage de courage ? Antonio Hernandez, l'écrivain gaucho, dans « Martin Fierro » : « Sois tendre avec les tendres, sois dur avec les durs, mais jamais ne chemine avec le doute. ».

vendredi 14 mai 2010

Monde de visages

Yavi Chico, charmant village de terre lové dans un canyon. Communauté de Chichas. La Quiaca, fondée il y a un siècle lors de l'arrivée du chemin de fer, aujourd'hui démantelé dans toute l'Argentine au profit d'un grouillement de compagnies de bus privées. Les premiers arrivés se servirent copieusement, rachetant aux Jésuites leurs concessions. Un ancien chercheur d'or de la Guyanne française s'est associé à un riche héritier pour ranimer l'exploitation minière. L'hiver, il voudrait prospecter dans la jungle bolivienne pour échapper au froid rude. 

Laguna de los Pozuelos, sanctuaire de flamants roses, steppe sauvage, lamas, vigognes. Soudaine vague de vent glacial, neige fraîche sur les montagnes. Courte contemplation des volatiles. Eileen Lacey et John Wicczorek, scientifiques californiens, étudient le comportement social d'un rongeur sous-terrain, qui ailleurs sur la planète vit solitaire. Bio-diversité.
Humahuaca, Tilcara, Purmamarca, anciens peuplements, vallée aux oniriques roches de couleur. Hôtels Posada del Sol et Quinta la Paceña, refuges de tiédeur. A l'écoute : Los Amigos, folklore de la région. Teintes automnales.

San Salvador de Jujuy. Altitude modérée, enfin, à 1 200 m. Révision générale chez Ford, remplacement des rotules d'une roue avant. Sept membres de la famille de Mario ont créé cette concession automobile, ainsi que d'autres commerces prospères. Tous médecins, ils apprennent les armes du négoce avant de fonder leur propre clinique.
Vastes plaines de canne à sucre au nord-est, rencontre de la faille des yungas, versants à l'exubérante végétation sub-tropicale. Parc de Calilegua, trempé, à 50 km à vol d'oiseau (flambant de couleurs) des collines arides que nous venons de silloner. Araignées, chenilles, lianes, abreuvoir des jaguars et pumas, champignons, brumes, oppression végétale. Entre excursions diverses et fête de mariage, Isaac profite de ses dix jours de vacances annuelles pour parcourir son vaste pays.

Ledesma. Usine de sucre et produits dérivés, affectant 70% des 80 000 habitants de Libertador General San Martin, capitale du département. Défilé, orchestres, danses, foire, feux d'artifice pour célébrer, le 25 de mayo, le bicentenaire de la patrie argentine.
Tasse de mate, ouvrant sur plusieurs jours avec l'adorable famille de Fátima et Fabian. Heures douces, échanges, découvertes, agrandissement de notre âme sur le monde. « el buey lerdo bebe agua turbia (le bœuf lent boit l'eau trouble) », « ternero que no bala no mama (le veau qui n'appelle pas ne tête pas) », « mas vale parajo en mano que cien volando (mieux vaut un oiseau en main que cent qui volent) ». Autant de raisons pour oser s'évader ?
La nuit, satanés passants criards, chiens, auto-radios et pots d'échappement ! Adieux sensibles.

Une grand-mère s'enquiert de notre nom. Son père s'appelait Lider. De parents allemand et polonais, il est venu de Varsovie, par l'Espagne, pour épouser une indienne de la quebrada de Purmamarca. Avec d'autres catholiques, elle prépare chaque jour un repas pour les pauvres de Fraile.
Cap au sud, brouillard, gauchos, fôrets de fleurs jaunes plus hautes que des camions, rapaces à crête rouge, plaines fertiles et arborées. Parfum non enivrant du retour.

De l'ordre, de la discipline !


Sud de la Bolivie. Un pont étroit. Nous sommes engagés pour le traverser. Un taxi arrive de l'autre côté, s'engage à son tour, accélère. Une fois bloqués au milieu, son chauffeur klaxonne, gesticule, déblatère : « reculez ! », « ce pont est réservé aux véhicules étroits », « sa rampe d'accès est trop pentue pour vous ». Accumulation de piétons et d'engins motorisés, vociférations. Débauche de cruelle stupidité, scène de la vie ordinaire.

Appartement d'une ville nord-américaine. Un vieil homme fluet berce son petit-fils dans ses bras. L'histoire bolivienne le cite parmi les leaders des coups d'états militaires réformateurs du XXème siècle. Il complimente Bruno sur sa taille : « j'aurais aimé te joindre à ma garde personnelle ».

Nom d'une Pachamama, déesse de la terre, quel régal cela eut été alors de (tenter de) mettre au pas un tel ramassis d'arrièrés ! Plus sérieusement, merci à tous ceux qui ont témoigné face à nous d'une once de jugeote. Puissent-ils un jour faire rayonner les splendeurs de leur pays.

Route éblouissante vers Tupiza. A la frontière avec l'Argentine, entre les villes de Villazon et La Quiaca, une cohorte de pauvres bougres et bougresses ploie en trottinant sous de lourdes charges, se substiituant à d'onéreuses mules. Soudain apparaissent mille étrangetés : le nécessaire pour nettoyer les parebrises dans les stations-service, des engins à cadran et aiguille pour mesurer la pression des pneus, des feux tricolores exerçant une influence sur la circulation, les produits frais stockés pour la plupart dans des réfrigérateurs... Comme il est intéressant de voyager.

dimanche 9 mai 2010

Mer blanche, bis repetita


Belle route vers Uyuni, ville de garnison perdue, morne et cahotique, confite d'agences de voyage. Quête de renseignements : itinéraires, état des routes, difficultés, points de ravitaillements. Préparatifs à la hâte. Deux bidons de diesel de secours imprègnent notre maison d'un parfum de bateau. Charmante tablée de 15 Français à la pizzeria Toñito (tenue par un nord-américain) avec les lorthimoines et ulysseandco. Frissons de l'hiver, mordant en juin.

Plongeon sur le salar, prodigieuse, blanche et gigantesque étendue salée, frangée de montagnes, étincelante sous le ciel pur, peuplée d'îles aux cactus. 3 660 m d'altitude, millions de traces crissant sous les roues, vraie ambiance de sports d'hiver, infini rêve.

Plusieurs heures de piste au sud jusqu'à San Juan, bourg de mille habitants, avec un téléphone et l'électricité quotidienne de 19 à 21 heures, affairé par la récolte actuelle de la quinoa. Impossibilité d'acheter du carburant, quand la piètre qualité du diesel, les hautes altitudes et les zones de franchissement augmentent notre consommation de 25% à 50%, rencontres de chauffeurs de Land Cruiser échaudés par la rigueur du terrain et de touristes ayant éprouvé 20 degrés en dessous de zéro et gravi la neige jusqu'à 5 000 m d'altitude. Incertitudes sur notre capacité à rallier Tupiza par les « lagunas », craintes de nous aventurer si loin seuls, triste renoncement, d'autant que bien des véhicules moins robustes que le nôtre s'engagent dans l'aventure. Demi-tour résigné vers le salar.
Les stations de lavage d'Uyuni éradiquent le sel accumulé sur les mécaniques et pulvérisent du diesel préventif. Notre attelage éblouit les foules, les offres d'achat abondent (mais il est réservé).

Rues et routes barrées n'ont pas pour coutûme d'être signalées. Deux jours consécutifs, lors de subtiles manœuvres d'échappement, Bruno abbat un poteau électrique. Romain suggère d'entreprendre notre prochain périple avec un véhicule sembable à celui de Doc dans « Retour vers le futur 2 », qui vole, pour nous soulager des vibrations de la tôle ondulée, et carbure aux ordures, si abondantes alentour. 

Bilan de notre huitième mois de voyage, de 2 100 km :
  • Les points faibles : la difficulté d'échanger avec les habitants, l'épuisant désordre bolivien, le manque d'hygiène, les routes difficiles, l'abandon du Sud Lipez, les calculs entamés pour la fin de notre voyage.
  • A améliorer : sécuriser nos bivouacs, quitter l'Altiplano pour recouvrer souffle et chaudes nuitées.
  • Les points forts : la douce harmonie de notre famille en chemin, notre séjour tropical dans le Chapare et la proximité des singes, le folklore et les traditions, le beau-temps, la gentillesse des instituteurs de Pelca, un voyage au ralenti, Sucre, les mines de Potosi, le salar d'Uyuni.

dimanche 2 mai 2010

Developpement non durable


Potosi, de 1545 à 1825, une ville parmi les plus importantes et les plus riches du monde. Au cœur de l'alchimie, le Cerro Rico, une montagne gorgée de minerais précieux. En aval, tant de richesses extraites qu'on aurait pu bâtir un pont en argent jusqu'à l'Espagne et continuer d'en combler le royaume. En amont, huit millions d'esclaves indiens et noirs, anéantis à la tâche.
Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? De misérables mineurs associés en coopératives, rêvant de découvrir l'ultime filon et s'épuisant dans d'antiques conditions que les touristes visitent abasourdis. Au fond, le Tio, diable en érection aux yeux verts, dévotement pourvu en coca, alcool pur et mégot d'eucalyptus. Alentour, les vestiges de la folle splendeur, la sale poussière et le froid du vent.

Thermes de Tarapaya. L'eau chaude jaillit au fond du cratère, troublant de brumes et de remous la surface. Un prémisse de paradis.

mardi 27 avril 2010

Sucre glace

Gués profonds, route aux cent desvios (déviations pour travaux), cols et vallées, jusqu'à Sucre, la magnifique cité blanche entre les collines, cœur de la Bolivie, perle coloniale, berceau de soleil et de merveilleuse douceur, que l'on croquerait éternellement...

Elévation, plateaux, fermes ceintes, cieux enflammés, thermes de Chaqui, bivouac sur une piste en lacets près de Cala Cala, simple hameau.
La nuit une voiture s'arrête, un homme frappe à notre attelage, vocifère : nous devons le payer ou partir. Par une fenêtre, vaine tentative de le calmer. Facies de brute, ombre d'autres occupants, apparemment non armés. « baja ! (descendez !) ». Dans un pays où l'on déplore des violences contre les touristes, il ne saurait en être question. Fuite précipitée de notre maison vers le camion par l'étroit passage de communication, les coups redoublent, démarrage affolé, la voie heureusement est libre. Plus loin, Bruno ouvre sa portière et relève la plaque d'immatriculation, avant qu'ils nous rejoignent. Descente cahotique en trombe, les phares poursuivants disparaissent. Avant la route, un barrage de pierres, Bruno l'entrouve, les forces décuplées par la peur. Pluie fine, silence, route sombre, police au péage à une quinzaine de kilomètres.
Déclaration, tremblements, sanglots. Comment recouvrer le goût du sommeil ? L'homme est finalement interpelé, confrontation, bredouillages de sa part, sermon de l'autorité, glaciale poignée de mains. Que rêvait de nous extorquer ce paysan à la bêtise sans fond ? L'équivalent de cinq almuerzos (repas complets au restaurant) ou cinq baguettes en France. Misère...

mardi 13 avril 2010

Frôler la jungle

Andes teintées de blanc dans le rétroviseur, asphalte diablement déformée, chauffards, gémissements des poids-lourds, hautes steppes blondes cultivées, villages de terre et de briques, givre matinal, stations service gardées, fastidieuse négociation à chaque péage face aux arnaques de la police, lacets de montagne, chiens errants croquant des ordures, magnifiques tissus brodés, menus abondants de soupe, poulet, frites et riz, vente de diesel chez des particuliers, étales comptant de simples poignées de légumes, slogans peints aux couleurs de « Novillo gobernador » ou « Evo de nuevo », squares, piaillement des oiseaux, tourmente de nuages, fierté des riverains de Cochabamba de leur climat « ni trop chaud, ni trop froid ».

Un col encore et la route dévale au nord, à n'en plus finir, jusqu'au bassin de l'Amazone. Luxuriance tropicale, brumes, averses, failles géologiques, parois suintantes, lianes, hibiscus, roses de porcelaine, bananiers, palmiers, fougères arborescentes, ramures enchevêtrées, cascades, voie des rivières, serpents (dans des bocaux), rares moustiques, poissons, colibris, papillons blancs, blancs et noirs, marron piqueté, bleus frangés de noir, caligraphiés d'or, noir et rouge, orange, jaunes à bord orangé, noirs striés de jaune, verts... Concerts insolites, tiédeur moite, douces rives, délicieuse oisiveté.
Dans le parc Machia de Villa Tunari
des volontaires soignent des animaux échappés du marché noir. Perroquets, coatis, singes capuchinoaraña ou ardilla. Quelque charmant cousin fouille nos poches, ôte les scratchs de nos sandales, nous épouille, partage généreusement sa banane, enserre Marine d'autant plus affectueusement qu'elle hurle de terreur.
Les trancas, postes militaires, contrôlent l'accès à la plaine vallonnée de jungles et de coca, fief des barons de la drogue. Le griffonage « Francia » sur nos plaques californiennes ne suscite pas la bienveillance escomptée.

Remontée vers Cochabamba, désuets vestiges de charme de Tarata, collines arborées, paysans à la peau noire, sacs de légumes amassés pour les villes, dont Santaz Cruz, la plus importante du pays, habitat de terre, fours à pain, bœufs attelés, araires, ânes, cochons, mandarines, pommes, bananes, canne à sucre, chicha (boisson de maïs fermentée), tissages à dominance de rose, chapeaux, paires de tresses, pénurie (déroutante) d'indications routières, cascade de Incallajta, ancienne frontière orientale de l'empire inca, feria (marché) et mariages à la plaisante Totora, étoiles et éclairs, pleine lune, notre attelage comme un vaisseau nocturne sur les chemins.
Même armés de notre niña (petite fille) clamant « hola », son seul vocable, nous peinons à nouer des bavardages (avec les individus à jeuns), en langages quechua ou bolivien, un castillan marmonné avec un fort accent et ponctué de « no más » en chaque fin de phrase. Quel abîme nous sépare ?

vendredi 9 avril 2010

Plongeon dans la cité

Entrée en Bolivie par Copacabana, infestée de « routards » du prospère monde occidental. Traversée du lac Titicaca entre San Pedro et San Pablo de Tiquina, sur une des 120 barges espérant quotidiennement un véhicule. Altiplano majestueux ceint de hautes neiges. Policiers imparfaits.

El Alto, au-dessus de la capitale, au froid. La Paz, dans une dépression de collines abruptes et picturales. Spectaculaire recouvrement de la moindre parcelle rocheuse d'un habitat de briques rouges, arbres, rios encaissés, passerelles et rues entrecroisées. Séjour à l'écart à l'hôtel Oberland à Mallasa, comme tous les voyageurs, à raison. Soirée « crèpes au Nutella » avec les heureux qui comme ulysse.
Visite citadine avec peu d'effets sur nous, chapardages obligent. Moindre charme une fois immergés dans la carte postale, grouillante. Echoppes des « brujas (sorcières) », pour se repaître des ingrédients de la superstition, dont le fameux fœtus de lama séché. Infimes vestiges parmi des buildings, jamais assortis. Marchés au long des rues de quincaille, meubles, vêtements, fleurs, victuailles... Irrespect, presse, klaxons et harangues des mini-bus, rodéo de poussette, côtes âpres, relents. Longues queues devant les banques et la prison. Cireurs de chaussures encagoulés. Poulets à croquer, partout. Fugaces panoramas vers les cimes.   

Bilan de notre septième mois de voyage, de 3 200 km :
  • Les points faibles : la route infernale au nord de San Pedro de Atacama, les différences de richesse dans le nord du Chili, le capharnaüm routier du Pérou et de la Bolivie, notre pic de méforme physique au paso Patapampa.
  • Les points forts : une nuit dans le désert avec son propre véhicule, comme Bruno en rêvait depuis si longtemps, nombre de thermes, notre bonne adaptation à l'altitude, ainsi que la puissance allègre de notre V8 turbo-diesel jusqu'à près de 5 000 m d'altitude, l'authentique folklore des pays andins, l'accueil des Péruviens, nos séjours plus longs, la constance d'un temps agréable, l'attrait des geysers de Tatio, du village fantôme d'Humberstone, du couvent de Santa Catalina, du canyon de Colca, des îles Uros, de l'hôtel Libertador et de La Paz vue du ciel, un accord de vente pour notre camping-car, l'opportunité de remplacer notre jante, la plaisante saveur des gargottes lorsque le ventre se porte à merveille.
  • A améliorer : ne pas trop songer à notre retour.

mercredi 7 avril 2010

Avarie mécanique

Ouïe ! Glurps ! Une flaque d'huile sous notre camion ! Nous roulons fébriles de l'hôtel de luxe (la roche Tarpéenne est proche du Capitole) jusqu'au premier atelier (nos talents mécaniques sont maigres). « Ecnicar », avenida Simon Bolivar à Puno. Jose Luis et Godo, deux jeunes associés, louent une cour de terre battue. « Une fuite de la corona atras (pont arrière) ? Pas de souci. Nous achèterons le nécessaire pour ne pas qu'on vous le vende quatre fois le prix. » Avec une feuille de carton enduite de silicone, confection d'un nouveau joint sur mesure. Une heure de travail (pendant que nous déjeunons rassurés), suivie d'une séance de photos devant le moteur (si impressionnant) et avec Marine dans les bras (Sophie s'est proposée, mais elle considérée « moins bonita »).
Détail de la facture : un quart de galon d'essence et un rouleau de papier toilette pour le nettoyage, une feuille de carton et un tube de silicone, quatre quarts de galons (soit 4 litres) d'huile Castrol SAE80W90, la main d'œuvre. Total : 100 soles (26 euros), pourboire compris, sans rendez-vous, le tout avec le sourire. Réconfortant, n'est-ce pas ?

Merci à Henri pour notre échange express de courriels à propos de cette « avarie ».

samedi 3 avril 2010

Trêve de luxe


Puno, en bord de lac Titicaca, à 3 860 m d'altitude. Marchés colorés, rickshaws à moteur ou à pédales, représentants Movistar louant un téléphone mobile à la minute, roulottes restaurantes avec petit banc, pisco sour (cousin du ti'punch) au coin d'un feu de cheminée. Embarquement pour les proches îles Uros, flottantes, bâties de joncs, à peines croyables.
 
Notre recherche vaine d'un stationnement citadin nous mène jusqu'à la presqu'île privée du sompteux hôtel Libertador, tel un blanc vaisseau illuminant (de luxe) la baie. Visite anodine conclue par deux nuitées de rêve. Suite panoramique, films, billard, jacuzzi, sauna, hammam, caméra pour se mirer par Skype, Wi-Fi au calme (enfin), ordinateurs pour télécharger sur YouTube un film du Paso Pehuenche (voir fête à la limite).

Pérou, pays immense. Deux semaines au sud, sans même découvrir le Machu Pichu (hors de notre route, démesurément onéreux et aléatoire). Habitants, malgré une fiabilité et une honnêteté modestes, extrêmement sympatiques. A visiter !

jeudi 1 avril 2010

Eaux du ciel

L'eau claire glisse sous les kayaks, Marine s'est endormie sous la pagaie de sa maman, avec Jesús nous longeons la côte de la péninsule Capachica. Collines verdoyantes en fin de saison des pluies, maisons de terre brune sombre avec étage, tôles parfois recouvertes de végétaux, murets de pierres rondes, cris des animaux de la ferme, fleurs tropicales, Andes enneigées sur l'horizon. Lac Titicaca, berceau nuptial de Mamo Ocllo et Manco Cápac, enfants divins de la lune et du soleil.
Sur la plage, nous partageons repas et jeux, essoufflés et au crépitement d'un transistor, avec les enfants d'un orphelinat : truite du lac, once de salade et toutes sortes de tubercules. Nul doute, une wawa (bébé) blonde ouvre toutes les portes, surtout lorsqu'elle console les éplorés.
Promenades, gentillesse, métier à tisser. Semaine sainte. Rencontres sportives au stade, cérémonies. A chaque village ses coutumes et ses chapeaux : de paille, en feutre, melon, en forme de calabasse, en équilibre inouï et ridicule, carré en laine avec pompons... Alentour, on parle aymara et quechua.

La « fête ». Place, église et municipalidad de Llachón, restaurées sans excès de goût.  Caciques en habits, joueurs de mandoline, cierges, étoffes, fouet de cuir des bergers, caisses de bières. Allées et venues, rituel, signe de croix au sol, apposition de chapeaux, distributions de feuilles de coca, anisette, Kola Real, rhum, verres rincés au plancher, crachats, attentes. Nuit, froid, lainages, pantin géant au nombril béant. Ivresse, infirmes, urine des bébés, chants lugubres, tristes convives vautrés, bavardages, cris extérieurs. Guirlandes, seynette, spectres en jupon agitant clochettes, outils, boulettes de coton, gerbe végétale, échelle. Le Christ décloué et promené dans un cercueil de verre aux coins de la place, sombre prêtre avec bonnet et sonnerie de mobile, une quarantaine de fidèles, ambiance moribonde, discours avec bouteille et écharpe, bâillements, désertions, silences. A l'approche de minuit, faces ignobles, sinistres vieilles comme les jokers d'un tarot maudit, cadavres cireux, regards torves. « Mister, prenez des photos ! ».

Au nord-ouest de notre itinéraire, à une quinzaine de degrés de l'équateur, notre cap s'infléchit vers la Bolivie.

Una estrella nacio


Une étoile est née ! A la une de magazines, en affichage dans les quartiers branchés, une image déchaine l'enthousiasme. Son slogan : « la quieres picante ? (l'aimes-tu relevée ?) ».

A l'origine, une simple boutade à l'issue de notre apparition en février au journal télévisé (voir fête à la limite). Bruno, questionné sur l'humour des Français, improvise un jeu de mot en castillan, assurant qu'il forcerait a minima l'hilarité de ses vieux potes (n'est-ce pas ?).
Une journaliste pressent le « coup ». Séance de photos en décor naturel, entretiens pour un article. La future coqueluche déclare alors : « désormais, j'éviterai à la douane les fouilles corporelles ! ».
Succès colossal.

(compte tenu de sa date de publication, cet article peut être considéré comme un poisson)

mercredi 24 mars 2010

Patatra...

Arequipa. Calle Puno, parmi le grouillement des échopes de pièces détachées automobiles, nous dénichons en un temps record notre amortisseur de direction broyé le matin-même contre une méchante pierre. Grande ville embouteillée, jungle des taxis et colectivos (mini-bus de transport public), loi du plus fort (ça tombe bien, nous pesons près de six tonnes), pollution écœurante, recommandation de stationner tout contre la police. Place d'armes frangée de splendeurs coloniales, cathédrale de roches claires sur fond de volcans et azur, chapelles gorgées d'or, ancienne débauche de luxe, charmant couvent de Santa Catalina, jadis cité secrète dans la cité, manifestations de travailleurs réclamant davantage que 550 soles (140 euros) par mois.
Fin du désert de l'Atacama, qui poursuit son inclémence au long de la côte jusqu'à Lima, hautes steppes rases, pourtour de cônes enneigés, nuages,  vastes troupeaux de lamas aux oreilles pomponnées, paso Patapampa, à 4 910 m d'altitude, profond canyon de Colca, torrents, arbres, antiques cultures en terrasses, quinoa, eucalyptus, pommes de terre, belles églises, marcheurs, ânes bâtés, bétail, cochons à pois, herbe, fleurs, alpaga et infusions de coca au menu, habits traditionnels, coiffe, sac de toile dans le dos, accueil attachant, mysticisme, impérial vol des condors. Retrouvailles fortuites des tou la o.

Cependant, notre « bon ordre de marche » vacille. Trompés par un décalage horaire de 2 heures avec le Chili, une latitude décroissante et l'entrée dans l'automne, nous nous échappons trop tard d'Arequipa. Quête nocturne d'un bivouac, apparition de la pluie (nous en avions oublié l'apparence) et de brumes, phares aveuglants des poids-lourds, élévation imprévue. Dans les pueblitos (minuscules villages), avitaillements en eau et nourriture aseptisée difficiles.
La santé de l'équipage flanche : désordres intestinaux, nausées, vomissement, fièvre, mal de l'altitude, teint livide, œil vitreux, âme pantelante, fesses irritées de Marine au point de lui arracher des pleurs au seul mot de « couche », chute abyssale du moral. Le moindre tracas se mue en cataclysme, de la régurgitation de légumes à la panne d'allume-gaz, du vrombrissement de mouches à l'aterrissage de gourmandises dans l'eau souillée. Que demeure-t-il de notre magnificience ?
Thermes de Chacapi. Paresseux pataugeage au soleil, pour recouvrir l'authentique saveur de voyager.

mardi 23 mars 2010

C'est le Pérou !

Entrée péruvienne par Tacna. Légère appréhension comme à l'accoutumée : où trouverons-nous argent, diesel, échoppes, Wi-Fi et stationnement pour nourrir tirelire, véhicule, enfants, blog et tranquillité ?
D'emblée un premier parfum d'« Amérique du Sud », ainsi imaginée : chapeaux, longues nattes brunes, peau sombre, petite taille, robes tissées colorées, cireur, écrivain public, mille vendeurs dans la rue, musique andine. Ivresse de l'inconnu.

Grande gentillesse, sourires et « coucou » épars, foutoire routier, effort de propreté, pancartes édifiantes : « conduisez sur la défensive », « ne laissez pas de pierres sur la route », « ne brûlez pas de pneus », « démontrez votre savoir-vivre », « zone aérienne, explosion de missiles ».  
Désert et larges oasis, lits de rivières arrosés, irrigation, maïs, oignons, cactus, bananes, vaches laitières (dites « normandes » en France), moutons, chèvres, chiens.
Serions-nous d'ores et déjà rassurés ?

samedi 13 mars 2010

L'écume du désert


Paso (col et frontière) Jama, « corridor bi-océanique » charriant par camion des voitures neuves vers le Brésil, juxtaposition de plateaux s'élevant jusqu'à 4 800 m d'altitude (chaque monticule s'élève au-dessus du Mont Blanc), salars (étendues de sel), bivouac glacé au-dessus de l'Atacama, le désert le plus aride de la planète, plongeon vers l'oasis de San Pedro de Atacama. Village si charmant qu'il compte plus de touristes que d'habitants.
Route infernale, par la cuesta (côte) del diablo, jusqu'aux geisers de Tatio. Brûlants pour un bain au crépuscule et splendides à l'aube lorsqu'on gratte le givre au carreau pour en mirer les hautes vapeurs. Eglise picturale de Chiu Chiu.

Calama et Chuquicatama, la plus grande mine de cuivre du monde. Peu glamour. Ecolières en uniforme anglais, avec jupe et chaussettes de laine. Plaines de terre (parfaitement) sèche ou de cailloux, ponctuées de collines (parfaitement) pelées, lignes électriques, longues lieues sans manœuvrer le volant.
Cordillère côtière s'affaissant vers le Pacifique. Tocopilla, port industrieux, wagons miniers, désolation de l'infertile. 
Route litorale escarpée, relents de mollusques crevés, ordures toujours plus nombreuses, fruit de mer à 26 pattes, couleurs fabuleuses, versants de sable, champs de roches, clarté immaculée du guano.

Iquique. Au sud, une enfilade incongrue de panneaux publicitaires, pour beaucoup en anglais : « never hide », « never keep exploring », « eleve su productividad ». Au nord, une zone franche gigantesque, des entrepôts congestionnés et des boutiques de luxe par centaines. Au milieu, une grande ville, un clochard effondré sur le trottoir, que Sophie soigne, une droguée aguicheuse, frottée au véhicule, de belles vagues sur le sable blanc, des pasteles de choclo (galettes fourrées au maïs) et chumbeques (pâtisseries), une armada de taxis jaunes et noires, une dune majestueuse masquant des décharges. Aise et misère épouvantablement mal dissimulés.

Officina Humberstone, voyage en un ancien village minier, implanté de 1872 à 1960 : « Si vos betteraves parlaient, elles exigeraient du nitrate naturel du Chili ! ». Plaines, mirages troublants, apparitions fugaces de prés verts, géoglyphe du Géant d'Atacama, vallées profondement entaillées.
Arica, plaisirs balnéaires et confort de la douchette extérieure. Plongeon des pélicans en chasse dans l'écume et plages jonchées de plumes. Un jour de pluie tous les deux ou trois ans et les momies de huit millénaires de la vallée d'Azapa. Bouclage gastronomique autour d'une paila marina (court-bouillon d'ingrédients de la mer), goûtée pour la première fois en Terre de Feu, 5 200 km chiliens plus au sud (par la route), et méformes intestinales de toute la famille.

mardi 9 mars 2010

Coca y Bica

Dans le nord-ouest de l'Argentine, qu'annoncent les « coca y bica » des boutiques ? Les feuilles de coca, pour guérir tous les maux, que l'on roule en pelotte dans la joue, et le bicarbonate, pour en gommer des dents la noirceur. Les visages se font plus indiens, les habits plus criards, les vestiges plus coloniaux, les plaines plus célestes. La Bolivie s'approche à vol d'oiseau. 
De Salta, sous l'humidité des nuages, piste malmenée par l'eau, les récentes secousses telluriques et la délicatesse des poids-lourds jusqu'à San Antonio de los Cobres. Nouveau tracé de la ruta 40 dans des paysages étourdissants, viaduc du « tren de las nuebes (train des nuages) » à 4 200 m d'altitude, hauts plateaux arides, passages très délicats (adrénaline), cinq heures (de jour) sans croiser un véhicule, vent. Murets de pierres, toits de terre ou de chaume, cimetières, tissages en laine de lama, chapeaux plats à ruban, vigognes, moineaux verts, eaux thermales cristallines. A Susques, au kilomètre 4 800 (environ) de la route fétiche, nous bifurquons une ultime fois vers le Chili.  
Premières nuitées de notre petite famille en exposition au Mal Aïgu des Montagnes. Seul Bruno (le plus sensible) accuse de légères céphalées.

Bilan de notre sixième mois de voyage, de 3 000 km :
  • A améliorer : préférer la route et les embouteillages aux nuitées en ville, rester viligeant à l'égard des vols, remplacer les vêtements élimés de Sophie.
  • Les points faibles : notre « Pimpin » nécessite d'être rechargé quotidiennement (mieux que le barron Bic, Apple invente l'iPhone jetable : ses batteries ne s'achètent pas en magasin).
  • Les points forts : prédominance du beau temps et baignades, merveilleuses rencontres chiliennes, dépaysement, sentiment de vacances, remise à neuf des imperfections de notre demeure, glaces au congélateur et bières fraîches (pour les invités), excellentes évaluations scolaires de Romain, courriels de nos amis, Valparaiso, musée de Santa Cruz, magnificence de la ruta 40 et de ses environs.