lundi 14 juin 2010

Hasta luego

Une Amérique Latine, avec sa faune et son relief, en génoise, chocolat et pâte d'amandes, partagée en famille à notre retour, afin d'en garder le goût en bouche. Belle aventure.

L'itinéraire réalisé

Voici la boucle parcourue, de 27 000 km, depuis Cordoba en Argentine, avec un aller/retour de France à Buenos Aires. Par magie, compte tenu des aléas du voyage, figurent nombre de ressemblances avec l'itinéraire envisagé.

mercredi 9 juin 2010

Adieu, notre maison


Rosario, le rio Paraná, la mégapole de Buenos Aires, des indications pour notre dernière étape : « a gauche c'est la rue Ugarte, tournee et continue jusqu'a ou c'est fini dans la riviere est le camping ».
Enorme pincement au cœur. Trois jours de nettoyage et de rangement, avec les emilie jeremie. La navette fluviale pour la ville et deux nuitées à la belle Otra Orilla. C'est fini.  

Pour la première fois, nous ne voyagions pas avec nos sacs sur le dos. Etait-il avisé d'acheter un camping-car ? Assurément oui, parce que les distances sud-américaines sont particulièrement immenses rapportées à la patience d'un bébé, que les beautés et charmes que nous avons rencontrés, à de rares exceptions près, se situent loin des centres offrant des hébergements et que les opportunités de nous glisser dans l'intimité des habitants auraient sinon été moindres. Clairement, nous avons adoré déplacer notre maison au fil de nos envies.

Quels défauts avons-nous ressentis de ce mode de transport ? Un écart par rapport au mode de vie ordinaire, nous épargnant par exemple de nous entasser des heures dans des mini-bus suffocants. L'absence du choix spontané de bondir sur un bateau, dans un train ou à dos de mulet pour infléchir notre itinéraire. La difficulté de circuler et stationner dans les villes. Les inévitables traccas mécaniques.
Sur ce dernier point, la lecture des blogs de nos camarades nous a emplis de frissons lorsque nous les savions bloqués jusqu'à plusieurs semaines dans l'attente d'une difficile réparation. Pour notre part, nos soucis furent mineurs, mais intense source d'inquiétude.

Et si c'était à refaire ? Sans l'once d'une hésitation, nous nous élancerions de nouveau ! Souvent nous avons rêvé que ce voyage se prolongerait, vers l'Equateur, la Colombie, l'Amérique Centrale, les grands parcs des Etats-Unis, le Canada, l'Alaska...
Lors d'une autre vie peut-être.

Bilan de notre neuvième et dernier mois de voyage, de 3 000 km :
  • Les points faibles : les aléas mécaniques de dernière minute, l'étouffement d'une grande ville.
  • A améliorer : repartir.
  • Les points forts : une bonne organisation du retour, notre rencontre à Ledesma, la route de Tupiza, la vallée de Purmamarca, les yungas de Calilegua, Rio Hondo, le musée du Che à Alta Gracia, les embruns du Paraná, neuf mois de pleine vie de famille, la réussite scolaire de (Sophie et) Romain, l'autonomie de Marine, notre chance pour la santé et le déroulement de notre périple, nos découvertes, l'apprentissage du castellano.

jeudi 3 juin 2010

Pêle-mêle


Tandis que les plaines défilent à la fenêtre, nos souvenirs dansent.

Une pancarte au sud du port déserté de Puerto Coig en Patagonie : «  ruta clausurada, no pasar (route barrée) ». Une heure de piste plus loin, confirmation : un pont est écroulé. Confection, avec de vieilles traverses, des pierres et du bois vermoulu, d'un gué en contrebas sur le ruisseau. Sueurs glacées en l'endendant gémir et ployer sous les tonnes de notre attelage.

Adorable plage de El Yeco sur le Pacifique. Une jeune fille, un large pot de peinture à la main, sous le regard émerveillé de sa famille, badigeonne son prénom sur les rochers. Offusqué, Bruno invective ses voisins. « Ne peut-on pas l'en empêcher ? » Profonde indifférence. « Il n'y a peut-être pas de loi qui l'interdit. En revanche, au Pérou, les grafitis sur les bâtiments publics sont passibles de prison. » Beurk.

Rabâchage. En surcroît des « Francia » dessinés sur notre attelage, notre phrase la plus énoncée : « nous ne sommes pas des gringos (nord-Américains), nous sommes français ! ». Meilleur accueil.

Omniprésents au bord des routes, les réparateurs de pneus. Le nom des « boss caoutchouc » varie au fil des contrées : borracharia, neumaticos, vulcan, gommas, llanteria. Parcourir le monde et les consigner.

« Qui se ressemble s'assemble » Indéniable absence de mélange entre backpackers, automobilistes dormant sous tente et « camping-caristes », novices pour la plupart. Le mode de transport sépare davantage que le langage.

Lac Titicaca. Sophie s'évertue auprès de paysans à découvrir notre itinéraire. « Puno ? La route vers Puno ? » La fermière s'exclame enfin en désignant son troupeau. « Si ! Son vacas ! (oui, ce sont des vaches !);»

Quel fut notre pays préféré ? Impossible réponse. Voici des lieux magiques : parc Esteros del Iberá, mission de San Ignacio Mini, chutes d'Iguazú, ferme de Teresiña et Joaquim à Estrada Velha, parc Santa Teresa, Colonia del Sacramento, péninsule de Valdés et baleines, musée de Trelew, parc Bosques Petrificados, route de Cabo dos Bahias, parc Monte Leon, estancia Rolito, parc Tierra del Fuego, lago Yehuin, Punta Arenas et cimetière, parc Torres del Paine, lago Argentino, glacier Perito Moreno, parc Fitz Roy, cueva de las Manos, paso Roballos, glacier Ventisquero Colgante, parc Temual, routes des sept lacs, parc Lanin, thermes de Panqui, lago Villarica, route 40, Valle Hermoso, fête du paso Pehuenche, estancia de Don Jose Manuel à San Clemente, musée de Santa Cruz, Valparaiso, parc Ischigualasto, route au sud-ouest de Chilecito, route de Cafayate à Salta, restaurant derrière l'église à Angastaco, Los Molinos, geysers de Tatio, village fantôme d'Humberstone, Arequipa et couvent de Santa Catalina, canyon de Colca, presqu'île de Capachica, îles Uros, La Paz vue du ciel, Villa Tunari, Totora, Sucre, mines de Potosi, salar d'Uyuni, route de Atocha à Tupiza, vallée de Purmamarca, Alta Gracia.

Clichés. Au Brésil, le mot « pain » est imprononçable, à quoi bon apprendre le reste ?. En Uruguay, le port sous le bras du Thermos d'eau bouillante pour le mate est, de toute évidence, obligatoire. En Argentine, un chien écrasé gît tous les 10 km, dans les zones civilisées. Au Chili, les automobilistes respectent les piétons, merci. Au Pérou, les mamies s'accoutrent en soquettes, jupette, tablier et nattes à pompons, pittoresque mais ridicule. En Bolivie, mèches et bâtons de dynamite se vendent librement (à 10 bolivianos la paire), pourquoi nous priver ? En France, « dans le cochon tout est bon », à la bonne heure...

mercredi 2 juin 2010

Point de départ

Thermes de Rio Hondo, Córdoba, richesses d'Alta Gracia, silences de la sierra. Notre boucle s'achève. Neuf mois, 27 500 km, 5 700 litres de diesel, 400 litres de lait, 15 litres de vin. Rencontres, images inouïes, horizon plus large.
Prévision d'une ultime infinie ligne droite jusqu'à Buenos Aires, puis les cieux vers Paris, puis notre maison de Collonges-au-Mont d'Or au solstice de l'été. Famille et amis.
Comme point de départ, l'envie et l'opportunité de voyager, le besoin également d'oublier les noirs nuages qui oppressaient notre vie, dont nous affronterons de nouveau les ombres à notre retour. Avec davantage de courage ? Antonio Hernandez, l'écrivain gaucho, dans « Martin Fierro » : « Sois tendre avec les tendres, sois dur avec les durs, mais jamais ne chemine avec le doute. ».