mercredi 23 décembre 2009

Crème glacée


Veillée de Noël au bord de l'onirique lago Argentino, dans notre maison roulante décorée, avec un menu festif à l'échelle de la Patagonie argentine : salade de crudités, poulet rôti et (on l'aura deviné) bananes flambées. 
Le plus beau des cadeaux, pendant deux jours : la muraille du glacier Perito Moreno s'abîmant dans le lac, fondant sous le soleil, laissant échapper de ses modestes ou gigantesques pans étincelants et bleutés dans des grondements d'écume. Inoubliable (espérons-le) !   

El Calafate. Problème mécanique sévère. Une de nos jantes en alluminium s'est fendue. Journées entières pour dénicher un soudeur, réparation de fortune. Pourrions-nous sans danger continuer d'affronter des milliers de kilomètres de piste, en des contrées particulièrement isolées ?
Appel lancé auprès d'amis (d'amis) habitant aux Etats-Unis ou au Canada afin d'obtenir une jante de remplacement en acier, neuve ou usagée. Fortes inquiétudes. 

Pour le garagiste nord-américain qui tomberait par hasard sur cet article, voici les caractéristiques de notre véhicule : Ford F350 année 1999 "Super Duty", moteur V8 diesel "Power Stroke" 7,3 litres, jante acier 8 écrous (important car les modèles vendus en Amérique du Sud ont 6 écrous), pneumatique LT235/85R16 120/116Q.
Voir dans « repères » comment nous contacter.

dimanche 20 décembre 2009

Fiche cuisine

En France, consommer 1 kilo de bananes coûte à la planète environ 5 litres de kérosène. Cessant de nous en priver, nous multiplions (avec l'imagination culinaire qui nous caractérise) les desserts  banane nature, banane écrasée, banane écrasée au sucre, rondelles de banane au sucre, banane à la glace aux fruits, yahourt à la banane, banane Nutella, banane Nutella yahourt (variante de Romain), crêpe à la banane, banane molle (altercation amicale), banane vômie (accident de Marine), banane coquine (gâterie des grands), pâté en forme de banane (voir photo), Danette chocolat à la banane, banana split, banane flambée, banane chorizo, (dans les cheveux, pour les concerts de rock).
« Lache-moi la banane ou j'te fais péter les boulons ! » (Jacques Higelin)

samedi 12 décembre 2009

Les gros glaçons

Nouveau séjour au Chili. Devant le douanier, afin d'éviter les confiscations, il est opportun de disposer d'enfants pour ingurgiter le miel et de casseroles pour cuire œufs, saussisson et viande fumée.
Bringuebalantes exploitations d'or en activité, datant de la ruée du XIXème siècle, près du rio del Oro. Plongeon sublime au-dessus du détroit de Magellan, frontière entre Terre de Feu et Patagonie, piqué d'îles volcaniques aux sommets poudrés de blanc. Port solitaire coloré de Porvenir. Traversée en ferry accompagnée de dauphins rondelets blancs et noirs.
Belle cité de Punta Arenas, à flanc de colline, plantée d'arbres, aux maisonnées de bois, au cimetière monumental, propre, tranquille, agréable pour la promenade, prisée des touristes (le lecteur aura compris pourquoi). Une antithèse de ses semblables argentines.

Paysage magnifique depuis Puerto Natales vers une des coqueluches du voyageur : le parc national Torres del Paine. Tarifs conséquents (indécents pour admirer la nature ?) pour entrée, bateaux, restaurants, hôtels, boutiques, campings.
En son cœur, quelle récompense ! Collines duvetées d'épais buissons printaniers, cimes escarpées, roches plutoniques (voir panneaux d'interprétation) bicolores, orchidées mauves ou pourpres, fleurs carnivores (à notre avis), torrents et lacs verts opalescents, course des jeunes guanacos sur la grève, cascades, glaciers, icebergs bleutés échoués par le vent tels des monstres féeriques.    

Doux réchauffement. Sortie par Cerro Castillo, poste frontière paumé, où une vieille bavarde sauve, avec un antique matériel, les voyageurs de la panne sèche.

vendredi 11 décembre 2009

Joyeux anniversaire


Crumble aux pommes, objectif « trois en un » : terminer les fruits prohibés à la frontière chilienne, réchauffer la maison avec le four, régaler le vieux papa de la famille. Décoration de rêve !

jeudi 10 décembre 2009

Mélange des genres

En chemin, afin de faire montre d'urbanité, comment reconnaitre le pays de provenance d'un camping-car ? Classement par fréquence d'apparition :
  • France. Il est dépourvu de toute qualité de tout-terrain, même au cœur des Andes, et transporte le plus souvent des enfants. Chacun envie l'insouciance de ce pays où seule l'éducation, mais pas l'école, est obligatoire.
  • Allemagne, Autriche, Suisse allémanique. Plus encore que robuste, il paraît blindé. Sa taille va crescendo, de la Jeep au building d'assaut.
  • Suisse romande. « Voyage plus vieux, voyage heureux », ses maîtres helvètes sont retraités.
  • Etats-Unis. Il est prodigieusement adapté aux conditions sauvages. Il n'est généralement pas conduit par des Américains, mais par d'authentiques malins (comme nous), qui décorent la plaque d'immatriculation pour ne pas être confondus avec ces gringos.
  • Argentine. Garé près de l'asado (barbecue), son conducteur récolte du bois sec, une tasse de mate à la main, un Thermos d'eau bouillante sous le bras.
  • Canada. Il porte des skis sur le toit.
  • Grande-Bretagne. Le volant est mal placé, ce qui nécessite la vigilance d'un passager pour le dépassement des poids-lourds. Lors d'un précédent épisode un célibataire circulait à bicyclette.
  • Italie. Sa large ouverture latérale, sa cheminée et ses liserés vert et rouge dénotent en fait un camion de pizzas au feu de bois. On n'en croise malheureusement aucun.
  • Belgique. Ses sièges sont équipés de parachutes (bonne blague enfantine des années 1960).
  • Asie, Afrique, Proche Orient, Océanie. D'après nos statistiques, on rencontre aux 8 000 km : 4 noirs, 3 Chinois, 0 burkha, 0 yukulele. Le climat du Cône Sud semble particulièrement sélectif.

mercredi 9 décembre 2009

En chemin vers le soleil

Nos rendez-vous avec la péninsule Valdés et le grand Sud sont honorés. Dernières nuitées près de Malala et Christian à Rio Grande. Un immense itinéraire s'ouvre pour nous vers le nord, entre Argentine et Chili.
A suivre...

Bilan rituel de notre troisième mois de voyage, de 2 750 km :
  • A améliorer : limiter le nombre de dessins quotidiens de Romain afin qu'il les achève, moins laisser transparaître nos inquiétudes, exposer et mettre à jour une carte de nos itinéraires envisagé et parcouru pour moins mélanger nos souvenirs, bricoler une salle de bains avec baignoire pour Sophie et une chambre isolée pour Marine, suggérer à Pampers des couches qui maintiendraient un bébé au sec une nuit entière, dénicher des restaurants aux assiettées de viandes moins copieuses.
  • Les points faibles : notre calendrier file trop vite, des nouvelles affaires à régler surviennent inexorablement (où sont les vacances ?), la facture du garagiste de Comodoro Rivadavia était exorbitante.
  • Les points forts : cette parenthèse dans nos vies qui nous offre de « prendre le temps », nos rencontres, l'approfondissement de nos connaissances, le bout de la route 3, notre bonne appréhension du froid, le beau temps, une envolée à Usuhaia au-dessus de 10 degrés, l'autonomie croissante de Marine, nos promenades, les animaux, une kyrielle de lieux de charme  Bosques Petrificados, Cabo dos Bahias, Monte Leon, Puerto Coig, laguna Azul, Aguas Blancas, lago Fagnano, Lapataia, lago Yehuin.

vendredi 4 décembre 2009

La ville ultime


Ushuaia. Prononcer « Oussouailla ». Sous les montagnes, à cent miles du cap Horn. La plus proche porte d'accès à l'Antarctique, pour les croisières scientifiques ou d'agrément sur d'anciens brise-glace soviétiques. Congloméra de hangars, containers, pentes sales des villes de montagnes, rues achalandées, nouveaux quartiers conquis sur la forêt. Large cité portuaire. Prisée des touristes, venus par la route à l'approche des courtes nuits de la fin d'année ou en escale de hauts navires illuminés.
Révulsante ou envoutante ? Rien ne se dévoile jamais tel qu'on l'imaginait. Goûterions-nous à un mythe ? Le kilomètre 3 079, dernier de la route 3 (pincement de cœur), suggère un parfum de « fin del mundo ». Cependant, tout chemin se termine et ceux d'Ecosse s'approchent davantage du pôle (avec autant de pluie).

Alors, convient-il venir jusqu'ici ? Depuis la Patagonie, bien sûr ! La Terre de feu rayonne d'une beauté sauvage, magnifiée par l'écrin de son parc national. La ville regorge d'echopes et de restaurants, où savourer cerdero (jeune mouton) et centolla (araignée de mer). Dans les murs effroyables de l'ancien bagne, le dense musée « maritime » (et davantage) nous captive (de plein gré).
Halte récompense. Nous ne nous expatrierions pas sur la baie de Lapataia, mais aux auditoires frissonnants de nos récits désormais nous clamerons : « nous y étions... ».

mercredi 2 décembre 2009

Neiges australes


La lune levée comme un soleil, une demi-orange sur l'océan. Lueurs du crépuscule estompées tard dans la nuit, bientôt rejointes par le lait glacé de l'aube. Quatre visiteurs, tapis sous un monceau de couvertures. Une journée sans souffle. Silence. Ressac, sable noir, marée vert pâle, épave carmin du Desdemona, phare penché, carcasses d'animaux, rapaces, éclat des sommets enneigés, forêts soudainement dressées de toutes parts, troncs crispés sous des crinières de lichens, tourbières, ruisseaux, barrages de castors, renards, guanacos, moutons. Paysage mué. Froid, flocons, bruine, dorures et éclats du soleil.
Cabo San Pablo, Lago Fagnano remué comme une mer, Aguas Blancas. A couvert des arbres une douceur transparaît.

Paso Garibaldi, le col de la Cordillera Darwin. Averse blanche. Elodie et Sylvain, à tandem pour leur lune de miel, les aventuriers del domingo, partagent un pique-nique dans notre antre. Anibal, leur ami argentin de rencontre, les couve en voiture malgré eux, sussurant que « l'aventure n'est pas souffrir ».
Brumes, brouillard, pluies glaciales. Canal de Beagle. Notre trait de fluo sur la carte ne descendra pas plus loin.

mardi 1 décembre 2009

Au cœur de l'estancia


La señora Rolito est une grand-mère altière. Son grand-père, dentiste à Buenos Aires, aventurier, acheta en 1926 dix-mille hectares en Terre de feu, lors de sa parcellisation par l'Etat pour mettre fin à des conflits de partage, avec consigne d'y faire croitre clôtures, ovins et dueños (propriétaires).
Une estancia naissait.

La señora Rolito vit entourée de sa famille. Ses enfants sont diplômés d'écoles de Buenos Aires, son mari y exerce partiellement son métier de chirurgien. Ils élèvent aujourd'hui, sur dix-sept mille hectares, quatre mille moutons. L'estancia en accueillait le double, mais des chiens errants venus de la ville attaquent les troupeaux. Des vaches les remplacent, moins dociles.
La fièvre afteuse et la mouche du fruit, combattues en Patagonie, épargnent heureusement l'île. L'attention se porte sur le déplacement des troupeaux sur les parcelles, avares en nourriture, gelées et partiellement recouvertes de neige en hiver.
  
A flanc d'une colline, des maisons de bois hébergent famille, invités, contremaitre, ouvriers, chiens de berger, chevaux, matériels, véhicules, hangar de tonte. Un berger loge six mois par an dans un poste reculé. Une équipe de tondeurs se loue d'une estancia à l'autre.
Feu et braises, gaz pour l'eau des baignoires, générateur au diesel pour l'éclairage et le raccord par antenne radio au réseau téléphonique à Tolhuin. Réfrigérateur inutile.

La famille de la señora Rolito est charmante. D'une voix douce, elle accueille des hôtes pour repas et nuitée, commente la visite de ses terres et, parce qu'un ancêtre venait de Pau, parle le français.
Ainsi se transmet une histoire.

dimanche 29 novembre 2009

vendredi 27 novembre 2009

Séjour amical

Rio Grande, « capitale internationale de la truite », gelée l'hiver, à peine réchauffée l'été, considérée fea (moche) par ses propres ouailles, seconde (il n'en existe que deux) ville de la Terre de feu, libre de taxes, retient plus de fonctionnaires primés pour leur isolement que de touristes.
Mais lorsque Malala toque à notre vitre pour nous suggérer un campement moins fraîchissant, nous invite dans sa maison et que, de surcroit, nous y découvrons Christian et les enfants Renata et Simón avec lesquels Marine jouait à la station service, se rompt enfin notre récente tendance à rencontrer davantage d'équipages itinérants que d'autochtones sud-américains.

Douce immersion dans la vie de famille, à bavarder, échanger. Asado (barbecue) intérieur, climat oblige, gigantesque, comme la maison (vivons dedans, mais vivons à l'aise), chez les grands-parents. Rires et jeux enfantins.
Tout juste revenus d'un long périple familial roulant sur le continent, écourté (après 11 mois) par les pleurs des petits (trop sensibles), Malala et Christian, séduits en chemin par Cordoba, déménageront en janvier dans cette région à la météo plus souriante  dans l'espoir de goûter un environnement social moins enfermé.

Rien n'est davantage propice qu'une telle halte pour s'imprégner d'une myriade de savoirs : Les règles de priorité routière (mieux vaut tard que jamais). L'origine supersticieuse des multiples niches vôtives sur les routes, flanquées de drapeaux rouges, abreuvées de bouteilles d'eau minérale. La forte magnitude de la corruption. La grande valeur du personnel dans les hôpitaux publics mais la carence de moyens matériels, tels que l'eau par exemple. L'importance remarquable de la fête organisée pour les 15 ans (« on n'a qu'une fois 15 ans »). De bonnes adresses d'ateliers pour remettre à neuf nos coffre et capots de toit, le vent ayant récemment dépecé la climatisation (un couvercle élaboré en métal résistera mieux aux ardeurs naturelles).

La chance nous sourit. « Il n'est de plus grand luxe que les relations humaines » (Antoine de Saint-Exupéry).
A un carrefour, nous interceptons « Popo » et recouvrons, à une bonne table (italienne), avec Katia, Jérôme et Charlotte nos longues conversations.

Rio Grande. Long séjour. Chaque ville détient son charme (sans doute). Alerte météorologique de forte chute de température (est-ce possible ?).

jeudi 26 novembre 2009

Terre de feu

Sitôt franchies les bases militaires de Rio Gallegos, le paysage se mue en une gigantesque et somptueuse plaine, étale, ponctuée de cônes volcaniques. L'herbe et des fleurs éparses (pissenlits) détrônent la rocaille. Dans le cratère de la Laguna Azul, une douzaine de chevaux sauvages glissent sous l'escarpement pour s'abreuver, parmi des buissons de lave et des grottes aménagées par les dévots en sanctuaires (une pancarte pourtant l'interdit).   

La région abonde en gisements pétrolifères. Les hommes l'ont si bien partagée qu'il est nécessaire de traverser le Chili pour poursuivre la route 3 argentine. A la frontière sont rejetés légumes et fruits crus, œufs crus, viandes, fromages et miel.

Collines, bourrasques intimant une avancée paisible, détroit de Magellan strié d'écume, une demi-heure de traversée en bac parmi les camions, débarquement sur la grande île de Terre de feu. Résonnance de noms magiques.
Course de l'ombre des nuages, douces ondulations de l'asphalte, pistes, poignée d'estancias bâties de barraques aux toits verts, orange, rouges ou bleus, China Creek (évocation du roman « Cabo de Hornos » de Francisco Coloane), bergers montés et chiens, troupeaux de moutons, lièvres, renard gris, flamants roses, canards aux ailes rayées, cuvettes marécageuses, flaques mauves frissonnantes, lac brun tourmenté de vagues, clôtures (rien n'est libre), immensité.
Avions de chasse, fin du tronçon chilien, trois motos en panne d'essence, pancarte « Las Malvinas Son Argentinas (revendication des îles Fawklands) », lent balancier des puits de pétrole, étiquettes jaunes au franchissement des gazoducs (pression et numéro d'urgence), steppe couleur de paille, océan, ville.

Les indiens Ona, Alacaluf et Yahgan, dont les premiers explorateurs perçurent les feux, ont disparu. Dans des bourgades désolées, les jeunes se contentent de rodéos de voitures et de bris de bouteilles de bière.

mercredi 25 novembre 2009

Le long serpent côtier


Entre le bleu émeraude laiteux du rio Santa Cruz et la sublime carte postale de la réserve faunique de Monte Leon on franchit le 50ème parallèle.
Le vent ne cesse plus, il varie en puissance. A couvert du soleil nous grelottons.
Avec l'accoutumance, la monotonie du paysage cesse à la moindre altération : une perte d'altitude à travers des collines, une ébauche de couleur dans la pierraille clairsemée, un arbuste âpre hissé par-dessus la broussaille, la clarté d'un lac desséché, un animal, un roc, des raies de lumière et de pluie sous le ciel, des trains de nuages oniriques, une baie océane.
Soudainement, à l'écart, une vague abrupte de beauté nous submerge. Des cormorans impériaux par centaines. Des lits de rivières serpentant entre d'étroites parois stratifiées (Romain adore l'« aventure » de les explorer). Le proche spectacle animalier. L'hostilité désertique. La lande de Puerto Coig, village devenu fantôme, ceinte d'un lointain cirque minéral, éclairée d'un estuaire, enflammée par le soir.

Ushuaia ou non ? Les avis divergent, enchantement ou dégoût. De Rio Gallegos, les bus l'atteignent en 12 heures. Trop tard pour l'éviter. 

Pneumatiques ajustés, vidanges et graissages consignés dans le carnet d'entretien, placards (outrageusement) chargés. Nous roulerons encore, espérant la fin du continent comme un symbole.

dimanche 22 novembre 2009

Le mot du jour


Devant sa banana split, Bruno ose une boutade toute en finesse (selon ses critères) : « Pourquoi Marine me lèche-t-elle la banane et les boules ? ».
Romain, sentant l'heure propice à saupoudrer d'humour des propos anodins, repartit : « Papa, les boules de ta glace ou de ton bonnet ? ».

vendredi 20 novembre 2009

La genèse du monde


Plongeon dans les témoignages de la l'apparition de notre planète et de la vie (excellent apport pour le CE2).
Le musée paléontologique de Trelew expose avec splendeur une riche collection de fossiles, dresse d'imposants squelettes du Jurassique, suggère l'immensité d'un dinosaure (herbivore certes) à partir d'un fémur sensiblement plus haut que les visiteurs.
A Comodoro Rivadavia, la société Yacimientos Petroliferos Fiscales, dont les enseignes de stations services YPF jalonnent les routes argentines, a légué un musée sur la découverte du pétrole en cette région désertique et son impact social (positif).   
Le monument national « Bosques Petrificados » raconte, dans un paysage de collines et de canyons sculptés par l'érosion sous le plateau patagonien, avec ses larges troncs de pierre, l'histoire d'une forêt abattue par la violence des vents il y a 150 millions d'années puis pétrifiée sous les laves des volcans. Ses arbres atteignaient 100 mètres de hauteur.
Philosophie de l'éphémère.

La géographie appelle l'histoire (leçon originale de management ).
En 1520, Magellan, lors de son premier tour du monde, fit escale dans la baie providentiellement abritée de Puerto San Julian. Une réplique de la Naõ Victoria dévoile une exiguïté (le camping-car « Team Austria » de Siegrid et Gerhard rivaliserait presque en taille) propice aux mutineries. Une décapitation au sabre, un écartèlement et deux incarcérations jusqu'à la mort de faim redonnèrent de l'enthousiasme à l'équipage.

mercredi 18 novembre 2009

Courrier des lecteurs


Notre réponse à quelques questions reçues.

Le vin argentin est-il à la hauteur de sa réputation ? Quelques bouteilles agrippées au hasard dans les supérettes ne nous ont pas encore révélé de trésor, à l'exception du Don Pascual en Uruguay. 

Projetez-vous de vous installer en Argentine ? L'esthétique de la France nous manquerait, mais on se plait à s'imaginer ici tant les choses paraissent simples.

Suivez-vous l'actualité française ? Un tantinet lorsque nous sommes en France. De loin elle paraît étriquée.

Comment peut-on vivre sans ordinateur ? On gagne du temps. On évite de se rappeler le boulot. On se chouchoute le Pimpin.

Parlez-vous à présent couramment l'Espagnol ? Loin s'en faut. Mais mieux que beaucoup des langues des autres pays que nous avons visités.
 
Avez-vous rencontré Jésus ? Les immigrants l'ont apporté dans leur bagage. On le croise encore au mur des églises, dans l'espoir des défavorisés et sur le paravent des nantis.

Enrichissez-vous votre encyclopédie des proverbes ? Une maxime des gauchos nous séduit (traduction propre) : « pine enflée entrave le galop ». 

Etes-vous heureux de votre voyage ? Les moments difficiles, ou simplement ternes, nous amènent parfois à nous interroger sur le bien-fondé de partir. Mais si nous ne vivons qu'une fois, comment découvrir autrement notre monde ? Tant de merveilles nous récompensent...

Comment vos enfants ressentent-ils l'aventure ? Romain se développe et grandit, joue et s'épanouit. Marine est entourée à plein temps de ses parents et d'averses de sensations.

Savez-vous protéger l'intimité de votre couple ? A toute heure, en persuadant les petits, assis devant le four à micro-ondes, que, dans cet épisode de Tintin, la Castafiore gémira jusqu'à sa délivrance dans la grotte noire.

Qui rédige votre blog ? Bruno marmonne, rumine, malaxe les textes (au lieu de s'adonner à une entière et passive contemplation). Sophie rit, applaudit, corrige, s'insurge, censure. La paix conjugale se racommode ensuite.

Publierez-vous un livre ? Un public (non captif) réclamerait des périples moins ordinaires. Mais nous ne souhaitons ni poursuivre à dos de guanaco, ni avec treize enfants supplémentaires, ni pour faire le bien, ni à poils enduits de graisse de phoque (bio).

dimanche 15 novembre 2009

Contrées désolées

Une ligne droite de 70 km à la sortie d'Energia. Aucune voiture croisée sur la route 1 vers Camarones pendant 17 heures 30 (bivouac inclus). Un cycliste anglais (âgé, fortuné et célibataire) obliquant vers la Cordillère pour se soustraire à un vent impitoyable.
Pourtant, des familles s'épanouissent ici, dans des estancias isolées, dont les clôtures se fondent à l'horizon. Comment se figurer pareils destins ?

La nature demeure entière...
Découverte, en une journée de piste, d'une saline, de tatous, de galets multicolores, d'une portée de renards, de la statue géante de la « capitale du saumon », de beaux mâles guanacos suivis de la multitude de leurs femelles, de flamants roses et d'un gang de lions de mer sautant dans les vagues.

samedi 14 novembre 2009

Les colonies en smoking


Qu'est-ce qui nous amuse chez le pingouin ? Son dandinement, sa démarche altière, son habit de bal, sa bouille joviale, sa mise à l'eau téméraire, ses claquements de bec frimeurs, sa parade câline, son cou semi-rotatif, ses haussements de nageoires, sa queue frétillante, ses lamentations de pleureuse comme un concert de trompettes ?

D'importantes colonies nichent à Punta Tombo, la plus célèbre après celles de l'Antarctique, et Cabo dos Bahias. Leurs hôtes semblent innombrables (Romain cesse d'ailleurs de les compter), on marche parmi eux, on se penche sur les nids creusés sous des buissons, on compte les œufs et les premiers poussins couvés, on cède le passage aux pêcheurs mouillés revenant de la plage, on s'intrigue et on se rassasie de leur drôlerie. Quel sourire sur nos visages !

vendredi 13 novembre 2009

Tea time


Tout est prétexte à se détourner de l'interminable route 3 qui relie Buenos Aires au pôle (ou presque).
Gaiman a été fondé en 1874 par des Gallois. Il en demeure une poignée de maisons en briques, des noms de rue comme « Gales » et ces « antiques » salons de thé où l'on s'empiffre de pâtisseries aussi fines qu'en Grande Bretagne.

Vendredi 13. Deux enfants enrhumés. Une baisse de pression dans un pneu.

lundi 9 novembre 2009

Journée type

Bilan d'un second mois de voyage, de 3 250 km :
  • A améliorer : esquisser un programme pour la journée et une prévision pour les jours à venir, imaginer davantage de passe-temps pour Romain sur la route, déplacer Marine près de son papa la nuit pour protéger le sommeil de sa maman.
  • Les points faibles : nos préoccupations pour nos affaires en France et notre retour, notre nature propice à l'anxiété.
  • Les points forts : une vague de réparations effectuées, le beau temps et la tiédeur naissante, l'augmentation de notre chauffage nocturne, les crêpes les jours de pluie, notre rendez-vous avec les baleines réussi (pour la mi-novembre, après plusieurs milliers de kilomètres de vagabondages), nos enfants heureux, nos rencontres, les courriels de nos amis, la péninsule de Valdés.
  • A espérer : un léger réchauffement des 0 degrés aujourd'hui à Ushuaia.


Forts de la sagesse de notre précédent bilan, notre rythme s'est tranquillisé. En voici une fidèle (et soporifique) narration :
  • Eveil avec le soleil, aux premiers radieux ébats de Marine. Biberon. Fête de toute la famille dans le grand lit.
  • Lever, toilette. Petit-déjeuner : café, chocolat et tartines.
  • Ecole (1) de Romain : fiches de français et de mathématiques, corrections. Rangement, ménage.
  • Mise en chauffe du camion. Départ. Sieste de Marine. Ecole (2) de Romain : leçon, lecture, interrogations. Etape de 100 à 250 km.
  • Biberon. Courses dans les panaderias (boulangeries), mini-mercados, super-mercados ou ferreterias (quincailleries), lessive dans les lavanderias, essence et eau dans les stations-service. Quête, généralement vaine, d'une connexion Wi-Fi.
  • Déjeuner : pique-nique de sandwichs et chips ou restaurant de viandes grillées. Sieste de Marine. Biberon.
  • Visite, plage ou promenade.
  • Recherche d'un campement avant la fin d'après-midi, évalué de concert sûr, calme et ravissant : camping pour les douches chaudes, parc, ville, pleine nature ou chez l'habitant.
  • Calage de la maison à plat, face au vent (super astuce : le fanion de laine accroché à l'antenne). Rédaction du cahier de voyage de Romain, rédaction du blog, tracé de notre itinéraire sur la carte, petite lessive, bricolages.
  •  Biberon. Coucher de Marine avec le soleil. Dîner : omelette, pâtes, riz ou soupe. Fou-rire de Romain.
  • Coucher général. Courte lecture éventuelle.

Apparté pour les voyageurs

Des détails de notre vie au quotidien. Toutes les données concernent notre expérience propre, pour les pays suivants : Argentine, sud du Brésil, Uruguay, Chili, sud du Pérou, Bolivie. Le sud-ouest de la Bolivie, particulièrement rude, échappe à ces données.

ArgentRetraits et paiements avec une carte Visa aisés dans les grandes villes. Compte Jazz International à la Société Générale pour ne pas payer de commissions.
Budget50 euros par jour tout compris pour deux adultes, un enfant et un bébé, hors véhicule.
Notre véhiculeVoir sa présentation et le guide de son achat.
FormalitésPasseport, permis de conduire international, titre de propriété du véhicule et assurance obligatoires. Assurance au tiers chez Liberty Seguros en Argentine (37 euros par mois). Changements de frontières aisés, obtention dans chaque pays d'une autorisation d'importation provisoire pour le véhicule, de 3 mois minimum.
Couverture des risquesCarte Visa Premier pour les 90 premiers jours, puis contrat chez AVI International (180 euros par mois).
RavitaillementSupérettes dans les villages, grandes enseignes de supermarchés, pharmacies et opticiens dans les villes avec (quasi) tout ce qu'on trouve en Europe. Moins de facilités au Pérou et en Bolivie.
RepasCuisine courante « à la maison », restaurants pour le plaisir. Nourriture extrêmement bon marché au Pérou et en Bolivie (1 euro le repas complet en Bolivie).
LessiveUn peu tous les jours dans un seau avec séchage à l'extérieur ou dans le véhicule, lavanderias pour un linge parfait (3 euros le panier en Argentine).
ToilettePetites toilettes quotidiennes à l'eau froide (pour économiser eau et gaz), longues douches chaudes dans des campings.
Lieux pour dormirDans la nature le plus souvent, n'importe où de façon générale car la tolérance est (quasi) sans limite.
EauRéservoir de 176 l. Autonomie d'une semaine. Remplissage dans la plupart des stations-service. Moins de facilités au Pérou et en Bolivie. Si besoin, tuyau et toute la gamme des embouts.
Eaux uséesDeux réservoirs, pour l'eau domestique et les toilettes. Autonomie d'une semaine. Vidage dans la nature, par un tuyau sous la cellule.
Electricité de la celluleDeux réseaux, de 12 V et 110 V.
Réseau de 12 VAlimentation de l'éclairage et des appareils courants. Une batterie. Recharchement par l'alternateur du véhicule et le panneau solaire. Avec soleil, autonomie illimitée.
Réseau de 110 VAlimentation pour four à micro-ondes et climatisation. Branchement sur le secteur, mais le secteur du Cône Sud est en 220 V, ou le générateur d'électricité depuis le gaz.
GazDeux bouteilles de 25 l. Alimentation pour gazinière, four à gaz, chauffage, eau chaude, réfrigérateur, congélateur et générateur d'électricité. Autonomie d'un mois par bouteille. Remplissage dans certaines villes, à dénicher (dont : La Falda, Las Grutas, Ushuaia, Cohaique, Rancagua, Calama, Iquique, Uyuni). Durée maximum de recherche d'une semaine.
DieselRéservoir de 144 l. Consommation de 21 litres/100 km (0,50 euro le litre en Argentine) en itinéraires variés, avec augmentation de 25% à 50% en haute altitude et sur terrains très accidentés. Ecart maximum entre deux stations de 340 km.
Maintenance mécaniqueAteliers mécaniques et réparateurs de pneus dans beaucoup de villages. Pièces détachées disponibles seulement dans les plus grandes villes.
InternetAccès dans les centres téléphoniques de beaucoup de villages. Accès Wi-Fi moins aisés (pour « Pimpin » notre iPhone).
NavigationGuide Lonely Planet « South America on a shoestring ». GPS Garmin de base, chargement (gratuit) de cartes. Carte IGN « Amérique du Sud/Sud ». Guide Copec des routes du Chili.
CommunicationSkype, vers ordinateurs ou téléphones (0,01 euro par minute).
SécuritéManque de confiance au Brésil, en Bolivie et dans plusieurs grandes villes. Ailleurs, bien-être, mais sans jamais estomper toute vigilance.


Pour diagnostiquer le MAM (Mal Aigu des Montagnes). Cumuler les point en fonction des symptômes : 1 point : mal de tête cédant aux analgésiques, nausée légère, perte d'appétit, insomnie ; 2 points : mal de tête résistant aux analgésiques, vomissement ; 3 points : pouls élevé au repos, fatigue anormale, urine difficile. Se conformer au diagnostic : de 1 à 3 points : MAM léger, analgésique ; de 4 à 5 points : MAM modéré, arrêt  de la montée, analgésique ; 6 points et plus : MAM sévère, descente accompagnée immédiate.

samedi 7 novembre 2009

Ça marche !


Nous ignorions le pays dans lequel se produirait l'événement : Argentine, Brésil, Uruguay, Chili, Pérou, Bolivie, France ? C'est arrivé ce matin en Patagonie, dans notre barraque à roulettes : « Marine marche » ! (à quinze mois et une semaine, coiffée au poteau d'une semaine par son grand frère, position sud 42*37'05,2" ouest 64*16''11,6")

Cette nouvelle passionnera ses grands-parents et autres fans succombant à son charme sur notre chemin : « que linda, que preciosa, que divina »...

vendredi 6 novembre 2009

Magie animale


La péninsule Valdés dévoile, à un public attiré du monde entier, un cocktail de curiosités, terrestres et océanes, parmi lesquelles des salines sous le niveau de la mer, une île en forme de chapeau qui inspira à Antoine de Saint-Exupéry son boa avalant un éléphant, nombre de guanacos (cousins du lama), d'épais gisements de fossiles, un corridor marin d'une trentaine de kilomètres et (venons-en à l'essentiel) de larges colonies de lions de mer, pingouins, éléphants de mer, baleines, dauphins et orques (nous ne verrons pas ces deux dernières espèces), se délectant, dans une parfaite harmonie (sauf pour les moins carnivores), d'eaux et rivages propices à leur reproduction.
Une entière journée de route pour nous émerveiller, agrémentée de soleil argenté, de vent, de grêle et d'un crépuscule incandescent, puis une semaine de campements pour guetter cachalots et leurs mamans sillonner près du rivage (un plongeon suffirait pour les caresser). 
Un extraordinaire régal !

La presqu'île est propice aux rencontres d'autres voyageurs, de Saint-Cast, Avignon, Marseille, Toulouse (aucun de Paris, la vie y est trop trépidante pour s'en échapper), Mar del Plata, Bilbao, Stuttgart, Hanovre, Cologne... (une seule frontière existe désormais : « Avez-vous vu les baleines ? ») 
Katia, Jérome et Charlotte, les cha jé kat, ont aménagé avec astuce leur camping-car « Popo » comme une antithèse du nôtre : compacité, finesse (aucune terreur des branches basses), économie et légèreté. Seules les journées de pluie paraissent longues.
Anna et Peter ont déjà franchi Alpes et Pyrénées et parcoureront le même itinéraire que nous, mais à bicyclettes !
Julio a dessiné l'aménagement d'un poids-lourd et partage avec une demi-douzaine d'amis, très confortablement (la douche est immense !), un long weekend à observer et nager parmi les baleines. 
Emmanuelle et Marius, les alaska patagonia, ont traversé 65 000 km depuis Montréal à la poursuite des tempêtes de neige dans l'ouest des Amériques : « ski or die ». L'été, ils s'adonneront au kite surf.
Nous retrouvons avec bonheur Valérie, Pascal, Gwénaël, Gwendal et Maïwenn (des Bretons probablement ?), les au tour des amériques, croisés à Iguazú.
Echanges, partages d'impressions et de sentiments. Une évasion nous relie.

Immensité bleue, falaises claires, turquoise et écume, le soleil suinte sous nos vêtements, souffles réguliers des baleines, une queue s'élève paresseusement, luisante, un dos se courbe, un oiseau le frôle, féerie de l'éphémére.
En d'autres lieux s'épandent médiocrité, bassesse, tristes laideurs.
Bonheur de voyager. Pure magie de l'évasion.

La belle image

Punta Pardela, sur la péninsule Valdés, una ballena (une baleine) cotoyée depuis les rochers, avec notre maison itinérante en arrière-plan, sur une berge sauvage. Délicieux parfum de liberté.

lundi 2 novembre 2009

Patagonie


En franchissant le rio Colorado, une pancarte l'atteste : on entre en Patagonie. Contrôles phytosanitaires, inspection des véhicules, viandes crues et légumes sont jetés (mais ni le saussisson ni le fromage).
Bienvenue dans la pampa, long déroulement (comme son nom le suggère) d'une interminable, intarrissable, inépuisable, insondable platitude arbustive. Il faut le voir pour le croire (nous finirions par en pouffer) !
De surcroit, parmi ces enclos de plusieurs milliers d'hectares, les moutons, dont le voyageur espèrerait naïvement qu'ils viennent, avec un lièvre, deux rapaces et trois fleurs sauvages, émousser la monotonie, ont été decimés par la sécheresse. Comble de l'ironie, la première pluie depuis trois ans s'abbat sur nous.

Trois mille kilomètres, sur l'excellente route 3, pour apprendre à apprécier. Avec une demi-douzaine de villes et leur lot de fantaisie.

Carmen de Patagones, fondée en 1779 sur le rio Negro, par le général Viedma, illustre son époque : des colons alléchés par une place fortifiée (rapidement trop petite), des esclaves noirs pour les aider aux champs, une garnison pour amadouer les Indiens sauvages et une église. Plus tard, arriveront le chemin de fer, des hauts et des bas et les réformes administratives.
Agréable étape en bord de fleuve bleuté.

Las Grutas, dans la baie de San Antonio, la plus chaude d'Argentine. Cité balnéaire, falaise peuplée de grottes et de piaillants volatiles au ventre taché de vert et rouge, innombrables campings, hôtels et restaurants, fermés encore.
Deux Français vivent ici, le padre Michel Anquetil, de Normandie, et Philippe, qui, avec son épouse Caroline, nous offre spontanément aide et café.
Campement sur la magnifique plage sauvage des piedras coloradas, balayée par le vent qui chasse les vagues vers l'océan.

Che !

En Argentine, les lettres « y » et « ll » (le « l » mouillé du castillan) se prononcent « che », ce qui valut son surnom à Ernesto Guevara.
Dès lors, « yo me llamo (je m'appelle) », « Poyet », « chantilly » s'entendent « cho mé chamo », « pochette », « chantichi ». Ce qui ne lasse de nous amuser.

dimanche 1 novembre 2009

Souvenirs souvenirs


Escapade par Serra de la Ventana pour se souvenir de ce qu'un paysage peut se plisser. Visite du mignon musée del Puerto à Bahia Blanca. Qui se rappelle les lanières de plastique colorées qui pendaient devant les portes pour empêcher les mouches d'entrer ?

dimanche 25 octobre 2009

Prémisses du printemps


Notre course vers le pôle s'est ralentie pour profiter d'une tiédeur naissante, au long de cités balnéaires de l'Atlantique : Pipinas, Pinamar, Villa Gesell, Mar Chiquita, Mar del Plata, Miramar, Necochea.
Le littoral évoque (inévitablement) celui de l'Uruguay, avec du sable un peu moins blond, une nature un peu moins soignée, des gourmandises nettement moins présentes, une résurgence de sociétés de gardiennage, des habitants tout aussi gentils mais (il nous paraît) moins sereins.

Les routes s'écoulent, calmes et bonnes, éventuellement traîtresses, mais les gomerias (réparateurs de pneus) sont fréquentes, parfois absolument monotones, des pêcheurs s'agglutinant aussitôt qu'un pont daigne surgir sur un rio, parfois absolument splendides, le bétail paraissant paître sur un golf.
Au bout des lignes droites, de grandes flèches blanches sur la chaussée marquent le sens du virage, sans doute pour réveiller l'attention du chauffeur, les jours où le vent ne le cramponne pas sur son volant pour sauver son cap.

Le paysage se morcelle d'immenses landes agricoles, ceintes, dont des pionniers jetèrent (selon notre imagination) les jalons au galop.
Dans leur ferme, les adorables Maria del Carmen et Ernesto nous offrent le mate, des biscuits nappés de crème et l'assado (barbecue). Le soir les hommes jouent aux cartes, avec accent et béret. Tous s'extasient sur la carte dépliée de notre périple, maugréent sur le manque de pluie, qui vole le vert des prés, et le pouvoir centralisé de Buenos Aires, qui « redistribue mal le profit d'un pays doté de toutes les richesses ».
Que raconte-t-on chez nous de l'Argentine ?

Le « Francia » inscrit sur notre maison suscite la sympathie (en plus de nos personnages avenants) : coups de klaxons, pouces levés, photographies et vœux de suerte (chance).
Des fans nous innondent de questions pour le forum de camping-cars www.rodanteando.com.ar, s'émerveillent : « pareil bijoux, à ce prix, c'est un cadeau ! ».

Chacun de nous a recouvré sa forme, notre réfrigérateur ronronne, notre appareil photo est réparé (personne n'échappera à notre soirée diapos), notre literie respire le propre de la lavanderia et nos corps s'épanouissent (pour un temps) de leurs bains chauds à la charmante Hosteria del Bosque, demeure de la regrettée princesse russe Xenia Olchansky Reabuchinsky de Rosen.
Nous guettons notre rencontre avec la vie sauvage, comme un précieux cadeau à déballer. 

samedi 24 octobre 2009

Cap sur l'Argentine


Nous embarquons à six heures sur le Buquebus, le ferry pour Buenos Aires. Trois heures de traversée sur un joli navire, avec sièges allongeables, chaises et tables rondes, grand bar, étage de jeux et boutique hors taxe, ascenseur vitré, rambardes en laiton, baie frontale pour contempler le fleuve.
Nous découvrons la côte argentine comme si nous arrivions d'Europe par l'Atlantique (avec plusieurs semaines, éventuellement monotones, de navigation en moins).

Courte halte par la capitale pour récupérer la précieuse pièce qui permettra à notre réfrigérateur de préserver à nouveau nos aliments. Puis route vers les plages de l'océan, toujours plus au sud...

jeudi 22 octobre 2009

La perle océane


Colonia del Sacramento, «  Colonia » pour ses intimes, déploie autant de charmes qu'une cité andalouse. On aimerait l'épouser. Vieilles pierres, port, phare, ombrages, fleurs, ruelles, quiétude, pavés, patios entraperçus, terrasses de restaurants, visiteurs ravis, senteurs du printemps.
A son coucher, le soleil flamboie sur le rio de la Plata, estuaire démesuré des rios Parana et Uruguay, découpant sur le lointain l'infime dentelle ombrée des immeubles de Buenos Aires.

Nous rencontrons la jungle family, voyageant également dans un camping-car immatriculé aux Etats-Unis. Nous mesurons le luxe du nôtre : luminosité, espace,  équipement, finitions.
Apéritif franchouillard et sympatique. Des éclairs naissent au large, une formidable tièdeur nous enveloppe. nous oublierions presque le coup de vent annoncé, quand soudain, sans le moindre prémisse, il fond sur nous et renverse notre tablée !

Sauve qui peut, recherche de l'abri de maisons, rafales, secousses, une alarme se déclenche, nous tremblons à l'idée de devoir prendre le bateau le lendemain.
Longtemps plus tard, le soufle s'apaise, un orage éclate, gronde, illumine les chaussées jonchées. Puis vient la pluie, abondante, mais sereine. Enfin le calme.
A trois heures notre réveil confirme que nous devons démarrer, épuisés.

Confessions

Etre en bonne santé, disposer d'une existence confortable, voyager sont de grandes chances. Nous les savourons. Pour autant, de menues tracasseries submergent imanquablement sur l'horizon limpide de nos pensées...

Notre appareil photo, acheté la veille de notre départ, est tombé en panne, soudainement, sans à-coups. Dans quel puits de camelottes, rutilantes et sophistiquées, sombrons-nous ?
Marine a hurlé de douleur, des dixaines de minutes durant, sans discontinuer, insensible à tous soins et marmouilles. Comment la peau de ses fesses peut-elle se montrer aussi imflammable ?
Nous avons calé notre itinéraire pour rencontrer Manou et Javier, nos anges gardiens à Buenos Aires, le weekend, mais ils sont partis à la campagne. Quel optimisme inconséquent nous a permis d'acheter des billets sans même les prévenir ?
Un bébé touche à tout et porte tout à sa bouche. A quels déluges d'eau des parents doivent-ils prétendre pour surnager parmi ses souillures de diarrhées et autres vômissures ?
Des fourmis se frayent un chemin jusqu'au dedans de notre maison (les moustiques développent moins d'ingéniosité). Qui resterait de marbre lorsque leurs carapaces écrasées crissent sous nos doigts ?

De surcroit, nous devenons craintifs. Des appréhensions hantent nos rêves. Est-ce d'avoir croisé sur notre route quelque escroc, de nous préoccuper de nos enfants, d'avancer en âge, de perdre le goût de découvrir ?
La Patagonie nous apparaît soudain terriblement sauvage. 

lundi 19 octobre 2009

L'immense cité du pays


Le centre ville de la capitale, quadrillage de blocs hétéroclites, lové dans la mer, présente d'emblée nombre de facilités : accès, circulation, stationnement, trottoirs, repérages, magasins, relative quiétude. Davantage qu'une poignée de places et de monuments de 200 ans d'âge parferait son charme.
Dans son entourage vit environ la moitié de la population du pays. Des Péruviens arpentent la rue.
A l'est nait l'infinité des sables clairs. A l'ouest le sel rencontre rapidement les boues du delta du rio de la Plata et dans les brumes de l'horizon se reflètent, depuis l'autre berge, les feux de la métropole argentine.

Après un mois d'échanges, le vendeur de notre cellule en Californie accède enfin à notre requête (transcription en substance de nos courriels, pour les fortunés n'ayant jamais eu affaire au support d'une société amércaine) :
« Un réparateur a diagnostiqué la panne de la valve de gaz de notre réfrigérateur, pourriez-vous nous l'expédier ? Bruno, avez-vous essayé avec une autre bouteille de gaz ? David, nous avons par ailleurs du gaz pour la cuisson. Bruno, le voyant gas est-il allumé ? David, le problème paraît identifié : il y a du gaz à l'entrée de la valve, sa bobine est alimentée, mais il n'y a pas de gaz en sortie. Bruno, le voyant check s'allume-t-il immédiatement ? David, notre valve ne s'ouvre pas... Bruno, ce genre de panne est rare, pourriez-vous m'envoyer une photo du circuit électrique ? Cher David, l'absence de réfrigérateur rend pénible le voyage avec des enfants et nos accès à Internet sont difficiles, particulièrement pour transmettre une photo... Bruno, je ne voudrais pas vous vendre la mauvaise pièce ! David, voici la photo, le voyant check ne s'allume pas immédiatement (soupir). Bruno, David m'informe que votre valve est à remplacer, disposez-vous d'une adresse pour l'expédition ? »
Pour être sincère, le climat ne menace guère de faire fondre nos plaquettes de beurre...

Nos enfants affichent un (court) déclin de santé. Les pluies récurrentes affectent (parfois) notre entrain, sans doute lorsque les heures enfermés à contempler ruisseler la pluie nous laissent nous poser trop de questions.
Nous tardons à nous élancer vers la Patagonie par crainte d'un regain de froid et dans l'espoir de recevoir la pièce de rechange à Buenos Aires.
De surcroit, les Urugayens sont si gentils !

samedi 17 octobre 2009

Cuchilla Grande


Crochet dans les collines par la route 60, « panoramique et très sinueuse ». Nature épanouie. Arbres, roches et prés. De rares fermes, charmantes.
A Minas, petite ville basse, calme, sans éclat particulier, on poserait volontiers ses valises... Sur la place, jet d'eau, statue du libérateur, Wi-Fi, parillas (restaurants de grillades) avec terrasse, honorable pâtisserie.

Depuis le kilomètre 125, accès au parc Salto del Peninente pour un saut en tyrolienne au-dessus d'une cascade. Trop rapide pour avoir peur.

Il semberait que les habitants le portent dans leur gentillesse : l'Uruguay offre un cliché du bonheur.


Nous fêtons le onzième anniversaire de nos noces !

vendredi 16 octobre 2009

Pointe de luxe


Punta del Este. Chaque région du monde affiche son écrin pour les nantis, avides de convivialité. La presqu'île, baignant dans un littoral limpide, attire un sous-continent, voire davantage.
Festival d'élégance architecturale, brassage de tous les styles (jusqu'aux immeubles pour la classe moyenne), centre pour shopping et sorties. Grosses demeures, gros yachts, gros lions de mer pataugeant dans la marina. Familles de marins réparant leurs filets, découpant le poisson frais, décorticant des sacs de crevettes. Chantiers affairés à préparer la saison. Vagues argentées. 

mercredi 14 octobre 2009

Susciter des rencontres


Nous roulons doucement, car le pays est petit. Palmeraies, forêts d'eucalyptus, ananas et bananes au pique-nique, oiseaux, lion de mer dans la vague, bourgeons, cactus, lait frais, supérettes garnies, fruits de mer (bonnes adresses), alternance de jours sombres et glacés, ensoleillés et frais, océan gelé (sauf pour les enfants), routes tranquilles, signalisations, cheptels, vent, sérénité, aires de jeux sculptées et colorées, rivières paresseuses d'un bleu d'acier, mariage des essences de bois, verts tendres, taco de reina (fleur comestible), sourires.

Le soleil se couchera dans quelques heures. Une piste au hasard, quelques branches basses, de la boue à franchir, l'ancienne voie ferrée, des barrières, un homme accueillant, nous manœuvrons dans son champ pour offrir à notre maison, grâce aux deux niveaux à bulle latéraux, une horizontalité viable.

Maria Julia et Juan Carlos. Elle est infirmière et suit des cours pour diriger l'hôpital de Rocha. Il est fermier, élève 400 bœufs sur 200 hectares (l'espace serait-il, pour la viande, le secret d'une telle exquisité ?), se passionne pour les chevaux sauvages, la moto et le surf. Ils assistaient l'année dernière au concert de Roger Waters à Rio de Janeiro.
Leurs filles, Barbara et Anastasia, 5 et 3 ans, charmantes, écrivent sur les murs, piaillent, bottent les chats, etc. (nos enfant paraissent consternés).

Leur maison est belle, soignée, agréable, mélange briques, enduits et bois. Les baies vitrées de l'étage découvrent de toutes parts une vue splendide. On reçoit (avec patience) l'Internet inalambrica (réseau sans fil).
Partage d'une journée magnifique, sous la treille de vigne et le jasmin de Hongrie, près du poêle et de la cheminée.
Elle soigne la lèvre ouverte de Marine (accident de poussette) avec de la crème pour les pis de vaches. Il nous verse du vin maison, cuit du mouton dans le four à pain.

Longues discussions en espagnol. Progrès obligés. Elle nous aide parfois en anglais,  enseigné ainsi que le français et le portugais à l'école. Romain s'agace d'être harcelé dans ses jeux de questions incompréhensibles.
Phil Collins en musique d'ambiance et (en même temps) télévision relativisant la défaite contre l'Argentine au mondial et se concentrant, à renfort de publicités, sur l'élection présidentielle qui opposera dans 10 jours les blancs, les colorés et le front ample (traduction propre).
Ils nous interrogent sur l'arrivée de la grippe A en France car l''Uruguay a été sévèrement touché, hormi enfants et personnes âgées. En août, il en a été gravement malade.
Félicité parfaite par des douches brûlantes et un lavage de notre linge en machine.

Il gèle la nuit. Décidément, le réchauffement climatique continue de nous épargner. Pour notre survie (morale), notre chaudière se met en marche en dessous de 10 degrés.


dimanche 11 octobre 2009

Rincés en Uruguay


Chui repose entre deux frontières et aligne sur sa modeste rue principale,  comme il se doit, plusieurs dizaines de boutiques hors-taxe.
Sous l'averse, qui noie le bord des trottoirs de ruisseaux boueux, nous dénichons (en bons Français) Pringles, olives, moutarde et Nutella. On paye en dollars américains, euros, réais ou pesos urugayens. Hereusement, car les bureaux de change sont fermés le dimanche...

Douanes, aisées.
La route rejoint la mer, brisées par des rouleaux furieux. Sophie et Bruno s'élancent, main dans la main, sur le sable et... s'enfoncent soudaidenemt dans des sables mouvants, se rejettant de justesse en arrière sur la digue, abassourdis, trempés jusqu'aux genoux.

Forteresse de Santa Teresa, bâtie en 1762 par les Portugais, conquise par les Espagnols. Panorama absolu. Murs de granit rose d'une douzaine de mètres d'épaisseurs, collections d'armes et de meubles, touristes sud-américains se photographiant parmi de tels vestiges.
Pluie fine, puis torrentielle. Partout dans la maison et le camion, des affaires sèchent (laborieusement). Pour notre réconfort : crêpes et adage « après la pluie, le beau temps ».
Adage merveilleusement confirmé le lendemain, pour profiter d'un authentique parc de l'Eden, en bord de caps rocheux et baies de sable.