Pour contempler les chutes depuis leur rive brésilienne, nous franchissons le rio Iguazú. Formalités frontalières, d'immigration pour les personnes et de douane pour le véhicule, aisées et drôlement conviviales.
Dans le parc nationnal d'Iguaçu (noter la subtile variation de l'espagnol au portugais), végétation luxuriante, oiseaux et papillons scintillants, coatis (tapirs), inouïe splendeur de la rivière brune brisée en centaines de torrents d'écume, arcs en ciel, embruns et remous, féérique panorama.
A Foz do Iguaçu, les banques sont en grève et les distributeurs (qui ne sont pas en panne) n'acceptent pas les cartes bancaires étrangères... Stress.
Nous nous évadons vers l'est (en direction de la mer), manquons la route principale 277, échouons sur des kilomètres de pavés défoncés, environnés de champs, empreintons fortuitement un sentier, attirés par une pancarte d'« agro-tourisme ».
A notre approche, notre hôte vient trancher à la machette les branches basses :« nous ne parlons pas la même langue, mais nous allons nous comprendre ».
En effet, dans un paradis de 10 hectares, calme, offrant ruisseaux, étangs, 54 sortes de fruits, moult animaux de ferme, insectes (la perfection n'est pas de ce monde), arbres, pelouses, longue salle d'auberge aérée, jeux d'enfants, télévision pour le brasileiro (championnat nationnal de football) et, le soir, vibrant orchestre de la nature, nous passerons trois nuitées délicieuses.
Teresiña Fontana et Joaquim Hercilio de Jesus nous choient (si l'épouse ne tenait pas les cordons de la bourse, le mari nous aurait même nourris gracieusement).
Pour le repas, élaboré naturellement (vivons bio), en quasi autarcie, avec un cheval pour seule aide : pain, poisson, poulet, porc, crème, piment, riz (cultivé au nord du pays), fèves, manioc, fruits et légumes inconnus (de nous), confitures, jus de maracujas...
Pour notre bien être : bains d'argile, puis rinçage sous la cascade, cachaça (cousin du rhum) parfumé de plantes médicinales, change de nos pesos argentins en reais (minimum de survie, pour les péages), conseil d'un itinéraire évitant les contre-bandiers armés et cupides.
Pour notre culture : traite des vaches, déambulations et interprétation de la flore, artisanat de chapeaux de paille de la nona de 84 ans, histoires de mariage entre imigrés italiens et indiens Guaranis.
Pour la veillée : mate, « la » boisson sud-américaine, à base de feuilles et d'eau chaude, bue dans un verre en terre avec une paille métallique, échangée de convive en convive, et chants caipira (country) avec guitares et viola caipira (guitare à 5 doubles cordes, accordée en open tuning de mi). A croire qu'ici tout le monde est musicien ! « Quiem canta os males espanta (chanter soulage les maux) ».
Détente, contemplation, lutte contre les piqûres, large nettoyage de printemps. Comme première halte de notre périple, pouvions-nous rêver mieux ?
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