jeudi 17 septembre 2009

En route !


Départ de La Cumbre par une piste tortueuse, magnifique. Nos affaires valsent dans la maison, une branche basse déchire un cache sur le toit et perfore le coffre. Dommage, nous étions prévenus. Réparation de fortune.
Routes plein est vers Santa Fe. Espaces à l'infinie monotonie, plaines, prairies, bétail, citernes et éoliennes de western pour l'eau, une berge de lac, camions, stations-service démesurées, usines, péages, successions de lomos de burro (dos d'âne), contrôles routiers, centres-villes affairés, supérettes fournies, banlieues coquettes avec jardins soignés et piscines, taudis, estancias isolées, fermettes, églises, poteaux télégraphiques alignés à perte de vue, chaussées en plaques de ciment, quadrillages de maisonnées éparpillant de rares noms de villages sur la carte.

Soleil. Franchissement du rio Parana, fleuve boueux, réseau de rivières et marécages, Mésopotamie. L'autre passage se situait 600 km plus loin.
Routes vers le nord, en direction du soleil. Cumulus rangés comme les livres d'une bibliothèque, arbres en fleurs, mirages, gauchos (bergers cavaliers, épousant leur monture), vaches innombrables, moutons, chevaux, nandous (cousins de l'autruche), mares, arbres, écoles familiales agricoles numérotées, ondulations imperceptibles du relief, voitures de musée, badauds impressionnés par notre muy lindo (très beau) véhicule, infractions aimablement mentionnées par la police, repérages facilités par Pampan (notre GPS) : « tourner à gauche dans 287 km » (c'est-à-dire demain).
Après une dizaine de jours, nous ressentons enfin le bonheur de voyager...

Le camion est formidablement spacieux, la maison joliment confortable. La vie de famille s'organise.
Lever avec le soleil. Ecole 4 matinées par semaine, ravitaillements, détente des enfants, cafés Wi-Fi (à dénicher), route, discussions en roulant, chants, FM locales, lecture pour Romain (premiers romans sans images), 2 siestes pour Marine.
Pique-nique ou restaurant le midi, empenadasparilladas (viandes et cochonailles au barbecue). Arrêt dans des bourgades avant la nuit. Petits-déjeuners et dîners à la maison.
Musique et pétarades nocturnes, concerts de chiens. Éveils froids (10 à 15 degrés à l'intérieur), emmitouflés pour économiser la chaudière. Coin cuisine avec réfrigérateur, congélateur, gazinière, four, évier. Plan de travail idéal pour changer un bébé. Une quinzaine de placards atitrés. Toilettes de chat dans la salle de bain. Eaux usées, dont les toilettes, vidées discrètement dans la nature.
Sophie et Bruno dorment dans le grand lit (toute la famille s'y retrouve joyeusement le matin), Marine sur le bord à gauche du grand lit et Romain dans le lit dépliant au-dessus de la table. Il reste 2 places dans le couchage dépliant de la banquette à la place de la table, pour les invités. De même dans le camion.

Pour les souvenirs, Romain rédige son cahier de voyage, Bruno les articles du blog. Communiquer sur Internet avec Pimpin (notre iPhone) exige énormément de patience, nous ne rédigeons pas encore nos messages personnels.
Sophie (surtout) est grandement accaparée par Marine. L'intendance et la route consomment l'essentiel de notre temps. Notre espagnol balbutie.
Sur le papier, avec environ 250 km par jour (sur route), nous semblons stagner et redoutons déjà de ne pas pouvoir « boucler » notre itinéraire. « La peur de manquer d'eau devant le puits plein n'est-elle pas déjà la soif inextinguible ? » (Khalil Gibran)

Continent aux spectacles gigantesques. Prodigieuses monotonies à apprivoiser. Une maison sur un camion. En famille, nous ne pouvions rêver mieux.
En route pour découvrir notre univers !

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