samedi 13 mars 2010
L'écume du désert
Paso (col et frontière) Jama, « corridor bi-océanique » charriant par camion des voitures neuves vers le Brésil, juxtaposition de plateaux s'élevant jusqu'à 4 800 m d'altitude (chaque monticule s'élève au-dessus du Mont Blanc), salars (étendues de sel), bivouac glacé au-dessus de l'Atacama, le désert le plus aride de la planète, plongeon vers l'oasis de San Pedro de Atacama. Village si charmant qu'il compte plus de touristes que d'habitants.
Route infernale, par la cuesta (côte) del diablo, jusqu'aux geisers de Tatio. Brûlants pour un bain au crépuscule et splendides à l'aube lorsqu'on gratte le givre au carreau pour en mirer les hautes vapeurs. Eglise picturale de Chiu Chiu.
Calama et Chuquicatama, la plus grande mine de cuivre du monde. Peu glamour. Ecolières en uniforme anglais, avec jupe et chaussettes de laine. Plaines de terre (parfaitement) sèche ou de cailloux, ponctuées de collines (parfaitement) pelées, lignes électriques, longues lieues sans manœuvrer le volant.
Cordillère côtière s'affaissant vers le Pacifique. Tocopilla, port industrieux, wagons miniers, désolation de l'infertile.
Route litorale escarpée, relents de mollusques crevés, ordures toujours plus nombreuses, fruit de mer à 26 pattes, couleurs fabuleuses, versants de sable, champs de roches, clarté immaculée du guano.
Iquique. Au sud, une enfilade incongrue de panneaux publicitaires, pour beaucoup en anglais : « never hide », « never keep exploring », « eleve su productividad ». Au nord, une zone franche gigantesque, des entrepôts congestionnés et des boutiques de luxe par centaines. Au milieu, une grande ville, un clochard effondré sur le trottoir, que Sophie soigne, une droguée aguicheuse, frottée au véhicule, de belles vagues sur le sable blanc, des pasteles de choclo (galettes fourrées au maïs) et chumbeques (pâtisseries), une armada de taxis jaunes et noires, une dune majestueuse masquant des décharges. Aise et misère épouvantablement mal dissimulés.
Officina Humberstone, voyage en un ancien village minier, implanté de 1872 à 1960 : « Si vos betteraves parlaient, elles exigeraient du nitrate naturel du Chili ! ». Plaines, mirages troublants, apparitions fugaces de prés verts, géoglyphe du Géant d'Atacama, vallées profondement entaillées.
Arica, plaisirs balnéaires et confort de la douchette extérieure. Plongeon des pélicans en chasse dans l'écume et plages jonchées de plumes. Un jour de pluie tous les deux ou trois ans et les momies de huit millénaires de la vallée d'Azapa. Bouclage gastronomique autour d'une paila marina (court-bouillon d'ingrédients de la mer), goûtée pour la première fois en Terre de Feu, 5 200 km chiliens plus au sud (par la route), et méformes intestinales de toute la famille.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire