dimanche 9 mai 2010

Mer blanche, bis repetita


Belle route vers Uyuni, ville de garnison perdue, morne et cahotique, confite d'agences de voyage. Quête de renseignements : itinéraires, état des routes, difficultés, points de ravitaillements. Préparatifs à la hâte. Deux bidons de diesel de secours imprègnent notre maison d'un parfum de bateau. Charmante tablée de 15 Français à la pizzeria Toñito (tenue par un nord-américain) avec les lorthimoines et ulysseandco. Frissons de l'hiver, mordant en juin.

Plongeon sur le salar, prodigieuse, blanche et gigantesque étendue salée, frangée de montagnes, étincelante sous le ciel pur, peuplée d'îles aux cactus. 3 660 m d'altitude, millions de traces crissant sous les roues, vraie ambiance de sports d'hiver, infini rêve.

Plusieurs heures de piste au sud jusqu'à San Juan, bourg de mille habitants, avec un téléphone et l'électricité quotidienne de 19 à 21 heures, affairé par la récolte actuelle de la quinoa. Impossibilité d'acheter du carburant, quand la piètre qualité du diesel, les hautes altitudes et les zones de franchissement augmentent notre consommation de 25% à 50%, rencontres de chauffeurs de Land Cruiser échaudés par la rigueur du terrain et de touristes ayant éprouvé 20 degrés en dessous de zéro et gravi la neige jusqu'à 5 000 m d'altitude. Incertitudes sur notre capacité à rallier Tupiza par les « lagunas », craintes de nous aventurer si loin seuls, triste renoncement, d'autant que bien des véhicules moins robustes que le nôtre s'engagent dans l'aventure. Demi-tour résigné vers le salar.
Les stations de lavage d'Uyuni éradiquent le sel accumulé sur les mécaniques et pulvérisent du diesel préventif. Notre attelage éblouit les foules, les offres d'achat abondent (mais il est réservé).

Rues et routes barrées n'ont pas pour coutûme d'être signalées. Deux jours consécutifs, lors de subtiles manœuvres d'échappement, Bruno abbat un poteau électrique. Romain suggère d'entreprendre notre prochain périple avec un véhicule sembable à celui de Doc dans « Retour vers le futur 2 », qui vole, pour nous soulager des vibrations de la tôle ondulée, et carbure aux ordures, si abondantes alentour. 

Bilan de notre huitième mois de voyage, de 2 100 km :
  • Les points faibles : la difficulté d'échanger avec les habitants, l'épuisant désordre bolivien, le manque d'hygiène, les routes difficiles, l'abandon du Sud Lipez, les calculs entamés pour la fin de notre voyage.
  • A améliorer : sécuriser nos bivouacs, quitter l'Altiplano pour recouvrer souffle et chaudes nuitées.
  • Les points forts : la douce harmonie de notre famille en chemin, notre séjour tropical dans le Chapare et la proximité des singes, le folklore et les traditions, le beau-temps, la gentillesse des instituteurs de Pelca, un voyage au ralenti, Sucre, les mines de Potosi, le salar d'Uyuni.

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